Il y’a maintenant neuf années de ça, le décès du batteur John Lee, également ami d’enfance du songwriter Grant Nicholas, allait emmener le groupe dans une entrave mélancolique longue de trois albums qui n’aura pas l’effet escompté des premiers albums emplis d’énergie juvénile et électrique. Outre le très beau Comfort in Sound (2002) en hommage au défunt, ses deux successeurs sont plutôt passés à la trappe (sauf au Japon où le bassiste Taka Hirose est devenu une idole), d’autant plus que la notoriété de Feeder dans le Vieux Continent se veut bien fade.
C’est alors qu’en 2010, le trio s’est enfin décidé à tourner la page, en revenant à cette soif de guitares qui leur colle si bien à la peau. Les cheveux ont poussé, la saturation est une nouvelle fois de mise, et la tristesse a été mise au placard. Feeder est de retour, avec un Renegades qui regorge de titres énergiques et de mélodies accrocheuses que les anglais défendent désormais sur scène un peu partout dans le monde, y compris dans notre belle France. Pas de guimauve power-pop ici, pas de linéarité non plus, les titres s’enchaînent avec une rare efficacité, la lumière dégagée par cet album est perceptible sans fioritures.
Dès « White Lines », on a affaire à du lourd: la batterie du nouveau-venu Karl Brazil est martelante, et ce tout au long de l’album, et Grant Nicholas nous montre qu’il n’a rien perdu de son talent, exprimant sa rage de son timbre tantôt rocailleux tantôt mélodieux. « Call Out » confirme alors l’orientation musicale de Renegades, citée plus haut, « Sentimental » rappelle le gros son de la période Polythene (1998), « Down to The River » est une belle balade progressif qui change des versets à l’eau-de-rose des précédents opus, et « Home », pas très loin du stoner des QOTSA ne peut empêcher l’auditeur de se dandiner. Les titres « Barking Dogs » et « City in a Rut » sont peut-être les deux titres qu’on ne retiendra pas de l’album, tant ils semblent déjà vus. Heureusement, la punk « Left Foot Right » nous replonge immédiatement dans le bain, et ce jusqu’au final « Fallen », deuxième balade sur treize morceaux, le trio gallois nous a rarement habitué à cela.
C’est avec joie qu’on les retrouve plus inspirés que jamais, avec Renegades qui va surement casser la baraque. Un des meilleurs groupes de sa génération, Feeder n’a surement pas fini de faire parler de lui.
7,5/10
Laurent.