Ektomorf aurait pu être une excellente marque de micro-ondes tant ce nom représente aujourd’hui un symbole de réchauffage. Seulement un an sépare Redemption de son prédécesseur bien fade What Doesn’t Kill Me qui n’a fait que confirmer que la bande à Zoltan n’apportait absolument rien de concret à la commnauté métal. Inutile de retourner le couteau dans la plaie en le désignant à nouveau comme un sous-Sepultura/ Soulfly, car les Hongrois ont décidé de faire un tout petit effort sur ce Redemption qui ne démontre encore aucune personnalité flagrante mais qui détient, en toute objectivité, quelques éléments efficaces grâce auxquels nous identifierons une évolution certaine.
Il n’y a pas 36 manières d’interpréter Redemption: d’un côté, on peut se fixer sur les clichés évidents que le groupe a toujours essayé, en vain, de nier, à savoir le pompage des références Néo-thrash que sont Soulfly et Machine Head, et dans ce cas là, l’album ne vaut pas un clou, mais ce serait terriblement plus facile que de se pencher sur la manière dont le quatuor puise dans ses influences. Car répétons-le, faute de la moindre identité palpable, la musique du combo est puissante, vitaminée et même groovy avec des titres représentatifs comme « I’m in Hate », « God Will Cut You Down » ou « Stay Away » qui s’inspire de la période fin 90 de la bande à Rob Flynn.
Et autre chose qui peut paraître comme une pâle nouveauté, Redemption est l’album le plus varié de cette « copiegraphie », parce qu’outre un banal mur de guitares rythmiques de 45 minutes, des morceaux inattendus comme le plus personnel « Sea Of My Misery » ou « Stigmatized », très inspiré des premiers Korn, insufflent une petite dose de nuance à cette ambiance que l’on assimilerait bien vite à ses prédécesseurs.
Mais ne nous enthousiasmons pas trop vite, on ne peut pas non plus passer à côté des bides que sont « Never Should », « The One » et « Revolution » qui sentent beaucoup trop le superficiel. Et tiens que j’essaye de reprendre les breaks lourds et les effets vocaux de mes références que je démens; l’auditeur s’énervera même en entendant tout au long de l’album l’utilisation de l’effet flanger propre à Andreas Kisser sur des solos qui s’avèrent inutiles et laids. Que diable essayer de jouer les professionnels, l’imitation sera toujours mal vue aux yeux (et oreilles) du monde entier.
Un bon album? C’est trop dire, nous préciserons qu’il s’agit d’un bon album d’Ektomorf, car ce groupe est finalement destiné aux metalheads qui ne cherchent que du lourd accessible, trouvant que les poids lourds cités plus haut sont devenus bien trop techniques pour être accrocheurs, mais il va de soi que les quatre dreadeux méritent un soupçon d’attention de notre part cette fois-ci, ne serait-ce que pour les quelques titres montrant que le coeur y est vraiment, mais malheureusement cela ne suffira pas à en faire la surprise de l’année. Réservé aux inconditionnels de crossover.
Laurent.