Sorti de nulle part il y’a cinq ans, le death mélodique futuriste de MyGrain nourrissait le genre d’une rage juvénile quasi-inédite. Orbit Dance plaça rapidement le groupe dans la cour des grands en Scandinavie, la notoriété étant moindre dans les autres régions du monde. Après avoir impressionné aussi bien les médias que le public, la jeune formation nous dévoile trois ans après Signs of Existence, un second opus bien plus mature mais dénué du brin de folie qui fit le succès du premier.
C’est à un groupe qui sait évoluer dans son propre style que l’on s’attelle, car si l’âme des anciens de la scène de Göteborg plâne néanmoins dans cette furie, les claviers et le chant de Toyboy représentent au mieux une identité notable. Il ne tardait de découvrir le MyGrain 2011 auquel s’accole l’étape fatidique du troisième album.
Produit par Janne Joutsenniemi, chanteur-bassiste du groupe de speed Stone, et distribué par l’habituel label Spinefarm, My Grain possède pour commencer, tel ses prédécesseurs, une pochette terrible, et qui résume parfaitement comme à l’accoutumée le contenu de l’album. Vous y voyez une sorte de déflagration, et bien en effet, même si le groupe ôte un morceau à chaque sortie, ce troisième méfait est tout simplement une bombe.
Ce « tout simplement » n’explique en rien le pourquoi du comment, alors disons que les finlandais ont puisés dans leurs premières ressources en proposant une fusion qui se révèle détonante, et il est évident que M. Joutsenniemi y est pour beaucoup: si les claviers se révèlent légèrement plus discrets, ce n’est que pour laisser place à un côté heavy en rien déroutant. Jamais le son du groupe n’avait été aussi propre, de plus que le chant clair de Toyboy, assez important, fait désormais partie inhérente de la force mélodique du combo.
Il faut avouer que le premier morceau « Into The Parallel Universe », en dehors de la section instrumentale au milieu du titre, laisse dans un premier temps perplexe à cause du chant un peu moyen de Tommy. Heureusement que les musicos assurent en enchaînant directement avec les écrasantes « Shadow People » et « Dust Devils And Cosmic Storms » qui font penser à Soilwork malgré nous, mais qui ont leur taux d’efficacité grâce aux lignes de guitares mélodiques et bien sûr à la touche futuriste de Kojo qui va ensuite faire de « Of Immortal Aeons » un des titres les plus marquants de la formation. Sombre, violent, il impressionne par ses nombreux changements de structure.
My Grain ne possède qu’un morceau relativement peu rentre-dedans, « A Clockwork Apocalyspe », tout aussi captivant. Et c’est un peu comme s’il coupait l’album en deux partie: la première laissait place à une rage death, tandis que la deuxième se veut un peu plus expérimentale et plus orientée vers cette nouvelle approche power métal européen: « Trapped In An Hourglass » et « Xenomorphic » sont les plus représentatives avec un côté épique marqué par des envolées solistes (guitares et claviers), des choeurs et les fréquentes modulations de Toyboy. « Cataclysm Child » clôt le tout avec un medley des huits autres morceaux, quoi de mieux pour finir en beauté un tel travail.
C’est indéniable, MyGrain signe ici son album le plus abouti et le plus réfléchi, alors même si les fans de la première heure risquent d’être déroutés par ce son moins incisif et sûrement même par des effets futuristes également moins prononcés, on ne peut remettre en question le fait que ce groupe aime prendre de petits risques qui ne font au final que mettre en avant leur talent de composition. Et le meilleur, c’est quand on sait qu’ils feront encore plus fort la prochaine fois. Mais pour l’instant, rien ne nous laisse sur notre faim, donc à table, messieurs dames.
Laurent.