D’une manière générale, les êtres humains apprécient, même à petite dose, les musiques présentes dans nombreuses superproductions hollywoodiennes, ces thèmes abordés bien souvent par des claviers et des percussions qui font office de génériques ou de piments à des scènes d’action. Alors que se passe-t-il quand le métal vient se mêler à l’histoire? Et bien ça donne Turisas, groupe finlandais qui a pris l’habitude d’en mettre plein la vue aux amateurs de grosses orchestrations symphoniques sur fond de grosses rythmiques assassines. Il faut dire que le groupe a pris un virage sec avec The Varagian Way en passant d’un style mélangeant Amon Amarth et Finntroll à un «epic battle metal» comme on s’amuse à l’appeler.
Quatre longues années et voilà qu’apparaît Stand Up and Fight, la suite tant attendue de cette épopée guerrière. Autant dire que la bande au «Warlord» a donné son maximum dans les arrangements pour un final des plus professionnels qu’il soit. C’est proprement mixé par Jens Bogren (Symphony X, Opeth), sans temps mort, on se prend souvent à repenser à des péplums comme Spartacus ou d’autres blockbusters où John Williams et autres Hans Zimmer nous ont charmés de leurs musiques d’une rare intensité. D’ailleurs, Warlord a tellement insisté sur le côté épique qu’il en a oublié les origines métalliques de son groupe, car même si le son global est remarquable, les guitares se situent tout de même un peu trop en arrière-plan.
Un peu plus court que ses prédécesseurs, ce troisième album à le mérite d’être homogène sans pour autant être rébarbatif. Aucun titre ne dévalue l’intégralité de l’engin, au contraire des hymnes à la joie comme «Hunting Pirates» -tiens, ça ressemble étrangement à Alestorm- et «Venetoi-Prasinoi!» ou encore «End of an Empire» relèvent d’un degré d’inventivité hors-norme, et le chant du frontman alternant férocité et poésie n’est jamais en décalage avec l’orchestration.
Mais malgré tout cet attirail, il faut se rendre à l’évidence, les accrocs aux instruments traditionnels resteront sur leur faim à ce sujet, de même que cette superproduction rebutera certainement les adeptes de groupes plus «underground», plus crades, plus…métal. En revanche, tous les amoureux de l’histoire des Croisades n’hésiteront pas à enfiler leur amure achetée dix euros dans un magasin de jouets, et c’est ça le principe de la musique, c’est de la vivre plus que de ne l’écouter.
Finalement, même si le verdict est un peu flou, on ne peut contester une grande inspiration au sein de Turisas, qui aime s’éloigner un peu plus à chaque fois des conventions, et qui se place en haut de la liste en compagnie de Rhapsody Of Fire en matière de métal épique. Et puis, on a rarement reproché à James Cameron d’en avoir fait trop avec son dernier film, donc pourquoi s’en prendre à nos chers amis danois? Pas de quartier, la sentence ne fait que commencer!
Laurent.