Qui n’a pas été marqué par le passage de Treponem Pal à l’émission Nulle Part Ailleurs une journée de 1997 alors que le groupe présente son premier single «Renegade» en compagnie d’un travesti qui se dandine sur scène? Personne ne s’y attendait, surtout pas Gildas et De Caunes que l’on imagine encore choqués de cette prestation hors du commun.
Les parigots de Treponem Pal se seront battus jusqu’au bout pour tenter de se forger une réputation de pionniers du métal industriel français. Après trois albums passés quasiment inaperçus malgré une collaboration avec Roadrunner, Marco et sa bande mettent les bouchées doubles pour réaliser l’album charnière de leur discographie, Higher, qui marque une nouvelle étape dans la musique du groupe. Ayant élargi ses influences The Young Gods (excellent groupe d’indus genevois) en y incorporant une touche dub et surtout d’un métal directement issu du Pandemonium de Killing Joke, Treponem Pal donne un nouveau souffle au rock industriel avec cet opus. Produit par M.KMFDM, Sascha Konietzko, Higher écope alors d’une production avant-gardiste à défaut d’être vraiment tape-à-l’oeil.
Assez dansant, Higher aura tout de même fait parlé de lui à sa sortie. Jugé trop en avance par le public français (la formation a subi de nombreux échecs scéniques de leurs fréquents passages au célèbre Gibus) qui n’était resté scotché que sur les petites formations thrash ou heavy old-school des copains, il connaîtra en revanche un succès certain au Royaume-Uni, en Allemagne et aux Pays-Bas.
Très homogène, il est difficile d’y démarquer un morceau en particulier – sauf peut-être la reprise réussie du «Fonky Town» de Lipps Inc.- parmi toute cette ribambelle de guitares mélangées aux machines de Didier Breard, car même si la recette est des plus originales, Higher souffre d’un manque de diversité qui peut vite lasser quand on n’est pas un inconditionnel du genre.
Pas aussi reconnu que Le Bien-Être et la Paix de ses homologues de Mass Hysteria, ce quatrième opus finira par intégrer les conversations quelques années plus tard avec l’émergence du néo-industriel alors que le sextet s’est dissout pour ne se reformer qu’en 2008 avec un Weird Machine très moyen. Qui ne tente rien n’a rien, et on ne peut que les applaudir d’avoir donné un sacré coup de pied dans la fourmilière en cette année 1997.
Laurent.