Notre machine à explorer le temps a décidé de s’arrêter d’elle-même sur un événement qui semble avoir été oublié, volontairement ou non, par beaucoup: la sortie du premier véritable album de Believer, Extraction From Mortality. Formé en 1986 par le guitariste-brailleur Kurt Bachman, Believer entre rapidement dans le registre «métal chrétien» avec les thèmes théologiques abordés dans les textes. De plus, personne à l’époque n’avait encore tenté d’intégrer des claviers à son thrash, même si ceux-ci n’apparaissent que sur quelques morceaux.
D’abord diffusé par le label REX Music dans les médiathèques chrétiennes, la notoriété du combo se développe plus vite que prévu au-delà de ces structures. Innovant de ses riffs sombres et de ses nombreux changements de tempo opérés par la main d’orfèvre de Joey Daub, Extraction From Mortality n’a pas spécialement à pâlir face aux mythiques Alice In Hell et Beneath The Remains qui offrent eux aussi une approche alternative du thrash.
Plus basé sur la lourdeur du son que sur la vitesse qui est le principal challenge des autres formations du genre, Believer accouche de titres accrocheurs sur EFM: on démarre fort avec «Unite», titre assez complet démarrant sur des notes de claviers anarchiques sur lesquelles empiète au bout d’une minute-trente un riff massif qui va servir de fil conducteur à une montée en puissance fracassante. Bachman donne l’impression de chanter à dix mètres du micro avec un effet reverb qui ne fait que renforcer la noirceur de l’ambiance.
Parmi les titres marquants, il y a le mythique «Shadow of Death» avec son intro en arpège et surtout son riff ultra-simpliste mais si mémorable, un des meilleurs morceaux composés par Believer sans aucun doute. Et puis on ne peut pas non plus oublier «Extraction From Mortality», dont la petite symphonie qui sert de prologue à été composée par un ami professeur de musique de Bachman.
Une petite perle de cette fabuleuse année 1989, et c’est dommage quelque part que le groupe ait pris une tournure plus progressive par la suite car si celle-ci se veut quand même appréciable, les riffs d’Extraction From Mortality s’effacent avec le temps, en commençant par le plus populaire Sanity Obscure ( 1990) où les Believer font preuve d’une technicité débordante mais qui ne possède pas la même fibre que son prédécesseur. So good.
Laurent.