S’il y a bien une chose qu’il faut retenir de Muse, c’est cette détermination à faire fi des attentes du public. En dix ans de carrière, personne n’aura osé demander au trio de prendre des risques, pas même le gros label Warner qui les suit depuis le début, et d’habitude avec eux, soit on adore, soit on déteste. Si cette règle s’est tenue avec Black Holes & Revelations, force est de reconnaître que pour la première fois, The Resistance provoque un sentiment flou, et nous laisse mariner dans un jugement binaire qu’il faut néanmoins tenter d’éclaircir un maximum, car c’est bien de Muse que l’on parle ici.
Premier réflexe avant de découvrir un album, ne pas s’attarder sur les critiques promotionnelles, qu’elles soient péjoratives ou dithyrambiques. Les puristes et les fanatiques assidus s’affrontent dans des débats interminables et dénués de subjectivité, comme si les choses étaient ainsi et non autrement. Malheureusement pour les deux camps, l’émotion à aussi sa place dans l’approche d’un album, et il s’agit au critique d’évoquer son ressenti tout en argumentant sur la qualité intrinsèque de celui-ci. Voilà pour le rappel, revenons tout de suite à notre affaire. On ne rappellera jamais assez que Muse est une formation qui évolue comme elle l’entend, ainsi quoiqu’il arrive, la production et le mix sont toujours plus impressionnants à chaque sortie. Le formatage tape-à-l’oeil n’a jamais vraiment fait partie du lexique de Matthew Bellamy, Dominic Howard et Chris Wolstenholme, ce n’est qu’une question de recherche d’un son spécifique, jamais ou très rarement proposé par d’autres groupes de musique, tous genres confondus (« l’influence » ne rime forcément pas avec le clin d’oeil ou plus fortement, le plagiat).
En toute honnêteté, la première écoute de The Resistance a tendance à laisser un goût amer conséquent. Pourquoi? Tout simplement parce qu’on aura fait l’erreur de chercher le rock là où il n’était pas prévu à l’origine. Le matraquage radiophonique n’aide pas non plus à essayer de prendre suffisamment de recul pour être le plus lucide possible, si bien que durant des semaines, l’album traîne dans un coin de l’étagère aux côtés de ses confrères qui eux, tournent en boucle pour tenter de maintenir le mythe en vie. Les mois passent, notre conception des choses ne cesse d’évoluer et c’est alors qu’on se demande comment se porte le cinquième album du trio. Enrhumé de part l’épaisse couche de poussière, une écoute suffira à renouer des liens solides entre le groupe et l’auditeur.
Ca alors, c’est qu’il s’y passe des choses intéressantes, là-dedans! Même si l’approche R’n’B d' »Undisclosed Desires » nous laisse toujours aussi perplexe, dévoilant un titre porté seulement par de gros roulements de batterie et un chant des plus basiques de la part de Matthew, le lourd riff de basse d' »Uprising » passe déjà un peu mieux, lui donnant des airs de futur hymne, si ce n’en est pas déjà un. « Resistance » n’est pas loin de ce qu’à l’habitude de nous offrir Muse, à savoir un titre complet avec une intro au clavier suivit d’un couplet relativement calme qui déboule sur un refrain aux envolées rythmiques qui font ce pourquoi nous aimons tant ce groupe. Le duo « United States of Eurasia/Guiding Light » est le plus favorable à la polémique, car là où la majorité pointe du doigt un « clin d’oeil » trop évident à Queen notamment sur l’introduction du premier, ce serait plutôt comme un hommage à ce groupe qui a rallié des nations entières lors de ses concerts qu’il faudrait l’interpréter. Niveau qualité, « Guilding Light » a tendance à se perdre parfois dans sa mélancolie, et ce à cause de l’absence d’un fil conducteur qui aurait pu rendre un joli morceau plus fourni, plus accrocheur. Retour aux guitares avec « Unnatural Selection » au refrain entêtant mais qui s’éparpille un peu sur la fin, et « Mk Ultra » qui est là pour rappeler qu’on n’a nullement affaire à une bande de « pisseuses », pardonnez le terme. « I Belong to You » (+Mon coeur s’ouvre à ta voix) offre un dernier morceau sympathique au clavier, à la fois extrêmement humble et expressif avec un passage en français bon enfant et non-négligeable.
Ne reste que les trois derniers titres dits « symphoniques », ceux qui ont définitivement monté Matthew Bellamy sur les compositeurs de musique classique contemporaine (comprenez celle qui n’intéresse pas que les accrocs à Schubert ou Verdi). Sans trop nous attarder, ils forment un morceau de quinze minutes, « Exogenesis » où le groupe à fait appel à l’orchestre symphonique de Milan composé de 40 instrumentistes pour une brève épopée qui fait son effet malgré un « Exogenesis II » un peu trop mou par rapport à son entourage et dénué de belles notes pour remonter le niveau.
Sans frapper au mauvais endroit ni flirter avec nos sens les plus sensibles, The Resistance a le mérite, à défaut d’être aussi saisissant que ses ainés, de nous emmener dans un univers d’incertitude où finalement seule la lassitude va nous faire passer à autre chose. Pas mauvais, mais pas mémorable non plus, il ne reste qu’à continuer à faire tourner cette discographie jusque l’usure, et surtout jusqu’au prochain opus prévu en 2012.
Laurent.
Meme si la majorité des personnes deteste cet album moi g bien aimée car il fallait le faire ils ont pris des risques et ça fonctionne !!!!!!! et vive muse 🙂