Genre: post-grunge romantique ®2001
Inconnu du bataillon avant la sortie de Break the Cycle, Staind est un quatuor issu de la même ville que la légendaire famille Simpson. Si cette dernière arrive à nous faire rire à la moindre réplique, le groupe quant à lui, se veut moins efficace dans sa profonde mélancolie. Suivant les traces de Cold qui est, avec Creed, à l’origine du post-grunge métal, Staind fut qualifié sans scrupules de «groupes à minettes» par bon nombres de puristes et même par la critique, il est vrai que le combo a souvent tendance, surtout à cause de la présence d’Aaron Lewis au premier plan, à jouer avec nos nerfs par son côté mielleux qui déroge à la règle du métal censé faire headbanguer un minimum.
Mais en 2001, après avoir été reconnu par l’insupportable Fred Durst qui les signera dans sa maison de disques Flip Records et qui lui présentera un des producteurs les plus sollicités du moment, Josh Abraham (30 Second to Mars, Orgy, Static-X), Staind pond ce qui sera son plus gros succès, Break the Cycle. Sorti en plein dans l’apogée du nü-métal, ces chansons à caractère doux ont fait l’unanimité aussi bien aux Etats-Unis qu’en Europe. Alors faut-il vraiment cracher sur ce groupe à l’identité finalement marquée? La réponse est non, car malgré tous ces éléments qui feraient mourir de rire n’importe quel amateur de black métal, la qualité est bien là où on ne l’attendait pas spécialement au départ.
Le premier single ayant squatté durant des semaines la première place du hit-parade est «It’s Been Awhile», un morceau taillé pour faire pleurer la nana en quête de certitudes mais que la beauté du clip est arrivée à rendre crédible. En ce qui concerne le reste, même si l’ensemble s’écoute d’une traite et sans réelle envie d’aller envoyer bouler le disquaire qui vous a assuré que ce disque allait vous botter le derrière, les morceaux efficaces sont autant présents que les plages sans intérêt. Par exemple, après l’entrée en matière prometteuse que forme le puissant duo «Open Your Eyes/Pressure» ainsi que l’intense « Fade », l’amertume s’instaure avec «Change», « Warm Safe Place » et «Waste» qui n’ont pas d’autre rôle que de combler l’espace de leur cruel manque de consistance. Mais bon, il ne faut pas en rester là, parce qu’il y a tout de même une «Can’t Believe» et une «For You» qui sont là pour nous rappeler que Staind est bien un groupe de métal alternatif. Gros riff respectif, ambiance sombre, l’ennui n’a pas encore tout à fait sa place, que la très jolie pseudo-balade «Outside» balaye définitivement.
Comme il a été énoncé plus haut, la musique de Staind est principalement focalisée sur le chant mélodieux d’Aaron Lewis souvent en demi-teinte, rarement juste quand il s’agit de pousser un chouilla dans les aigus, mais tout à fait potable dans le registre «c’est l’heure du suicide collectif». Dix millions d’exemplaires vendus, une renommée internationale aussi bien avantageuse pour le groupe que dévalorisante pour le métal selon les puristes, bref un petit plaisir qu’il serait dommage de négliger pour l’image qu’il a pu transmettre.
Laurent.