On a souvent entendu parler de «suiveurs», de «clones» des mythiques Korn qui ont lancé en 1994, contre leur insu, un mouvement qualifié de nü-métal. Tout ceci est à pouffer de rire, mais n’importe qui est tout de même en droit de se demander qui furent les premiers à suivre les sentiers battus des leaders? Le recensement est tel que ce fût Coal Chamber qui porta le maillot emblématique à la sortie de l’album éponyme en 1997.
Composé des cinglés que sont le guitariste Meegs Racson, la bassiste Rayna Foss, le batteur Mike Cox et surtout le frontman qui joue aujourd’hui les deathsters au sein de Devildriver, Dez Fafara. Vite repérés par Dino Cazares et Ross Robinson, dont on comprend vite que le bonhomme est à l’origine de ce gros son encore innovant pour l’époque, le vidéo-clip de «Loco» ne tarde pas fin 1996 à passer en boucle sur toutes les chaînes musicales avant la sortie officielle le 11 février de l’année suivante. Ce titre reste à ce jour le plus connu du groupe grâce à son refrain efficace et son esprit torturé, le tout sur un rythme ultra-simpliste et un son encore plus énorme que celui du premier Korn et plus propre que celui de Roots.
Niveau composition, l’ensemble est très homogène, peu diversifié, mais le simple fait d’entendre cette basse cinglante empruntée à un certain Fieldy apporte son petit lot de nostalgie. Rascon assène des rythmiques en béton quand il ne frotte pas ses cordes comme le faisaient si bien la paire Head/Munky, par contre Dez a su créer son propre univers vocal avec ce chant reconnaissable entre mille ce qui permet malgré tout au groupe d’imposer sa marque dans le vaste registre du métal.
Parmi les autres titres marquants, on pense à «Sway» qui intègre une partie de l’hymne «The Roof is on Fire» des Rock Master Scott & The Dynamic Three, également reprise par le Bloodhound Gang quelques mois auparavant et la pesante «Unspoiled».
Ironie du sort, ce premier album des Coal Chamber surpasse Life is Peachy (sorti trois mois plus tôt) en terme de ventes aux Etats-Unis et annonce la couleur: cette nouvelle approche du métal va faire un tabac dans le monde entier, donc s’y lance qui veut. Le succès en Europe n’est pas imminent, car le Vieux Continent s’intéresse plus à l’émergence du power mélodique et a encore du mal à se remettre de la baffe donnée par Korn et Machine Head. Un succès éphémère mais loin de s’être fait oublier.
Laurent.