Mellow Gold est le premier véritable album de Bek David Campbell alias Beck (à ne pas confondre avec le guitariste Jeff Beck). Une guitare bon marché sous la main, une inspiration débordante et quelques samples ont permis à ce premier effort de devenir un monolithe de la musique indépendante. Puisant ses influences dans le folk, la country, le blues, le rock, le hip-hop et le noise, Beck réalise un album alien en cette année 1994 propice à l’émergence de genres nouveaux.
Le bonhomme peut se vanter d’avoir créer un style: le sien. Un minimum de moyens pour un maximum de sensations, c’est ainsi qu’on pourrait résumer le génie créatif du personnage. On ne présente plus le tube interplanétaire qu’est «Loser», qui reste aujourd’hui le plus célèbre grâce à son refrain inoubliable «Soy un perdedor, i’m Loser baby, so why dont you kill me?». Des innovations aussi impressionnantes que perturbantes («Fuckin With My Head», «Whiskeyclone», «Beercan», la trash «Mutherf*cker»), une guitare à l’accordage douteux pour pondre des ballades entraînantes comme «Pay No Mind» ou «Nitemare Hippy Girl».
L’ombre du lo-fi et de la contremesure commerciale (malgré la signature chez Geffen) plane sur Mellow Gold, on pourrait presque parler d’anti-musique, un enchaînement de notes qui paraît presque toujours improbable mais qu’on ne peut s’empêcher de revisiter à haute fréquence. Pas aussi complet que son successeur mais surement le plus représentatif de l’esprit déjanté de l’artiste. Culte.
Laurent.