Genre: métal expérimental ®2007
Cette fois-ci, c’est la bonne. Korn, l’un des groupes les plus importants des quinze dernières années, franchit le pas de l’expérimentation, celle qui claque définitivement la porte à ce qu’on appelle encore aujourd’hui le nü-métal. Le lead guitariste Head avait quitté ses compagnons deux ans auparavant, c’est au tour du marteleur David Silveria de faire ses adieux avant l’enregistrement d’Untitled, parti pour des raisons nostalgiques du Korn première époque. Désormais trio si on ne compte pas les musiciens intérimaires pour les sessions d’enregistrement et les live, le groupe en profite pour pousser encore plus loin les limites de son potentiel créatif. Que l’on se rassure, Korn fait toujours une musique sombre, parfois dérangeante, par contre en ce qui concerne les gros riffs et le son de basse qui fait vibrer la barraque, c’est une tout autre histoire. Produit par la même clique que celle de SYOTOS à savoir Atticus Ross, The Matrix et le frontman Jonathan Davis, Untitled sonne encore différemment de ce qui a été fait jusqu’ici. La guitare est volontairement en retrait afin de privilégier l’ambiance que l’on doit à Davis et aux claviers.
Et l’on sait ce que ça donne quand un groupe de métal s’éloigne de son genre initial… ça choque. Oui malheureusement, à moins de pondre quelque chose d’absolument fantastique comme l’a fait Radiohead -pas du métal mais pas de meilleur exemple non plus- avec Kid A en 2000, il est difficile d’appréhender une musique qui semble chiante à mourir aux premiers abords. Parce qu’en fait, on parle de Korn quand même! Car si on s’était légèrement ennuyé sur les quelques titres soft de SYOTOS, là c’est carrément sur les 3/4 de l’opus! Incompréhension? Absolument pas, le groupe tente de nouvelles choses et on apprécie le geste, mais tout de même, pas mal de titres manquent cruellement de saveur pour que l’on puisse se mettre dedans (« Starting Over », « Kiss », « Hushabye », « Do What They Say »= soporifisme à l’appel).
Oui, au fur et à mesure des écoutes, beaucoup de morceaux sont difficiles à avaler mais en revanche, quatre arrivent à se faire aimer progressivement: « Hold On », le plus dans l’esprit métal, « Evolution » et son refrain entêtant, la lourde « Innocent Bystander » et « I Will Protect You » qui crache les tous derniers relents du Korn qu’on aime avec un refrain mémorable et un break d’une lourdeur déconcertante. Heureusement parce que l’histoire aurait pu se finir en partie de frisbee ne serait-ce que pour cette pochette horrible et indéchiffrable. Bref, n’espérons pas revoir un jour un Issues II, car les Californiens ont changé, en bien ou en mal, chacun se fait son idée, en attendant, ce sont les quatre premiers bébé qui tournent de temps en temps et qui offrent un réel plaisir d’écoute. L’aventure n’est pas finie mais éspérons qu’elle se finisse un jour en beauté.
Laurent.