Encore un gradé dans le vaste monde de la musique. Après le respectable Sergent Garcia et l’Admiral T. qui est une référence du reggae-dancehall gwada, voilà que débarque en 2010 le Colonel Reyel, certes destiné à un public particulier mais mon éclectisme est tel qu’il faut parfois se tenir au jus des « tubes » du moment. En vrai, ce genre attirait l’attention dans les années 90 avec les albums cultes de Raggasonic et les Neg’ Marrons qui assuraient en terme de mélodies qui restent agréablement dans le crâne, surement parce que l’électronique n’était pas encore la solution pour pondre des cargaisons de hits potentiels. Aujourd’hui, il suffit d’aller piocher un beat chez nos amis les ricains et de poser un chant francophone façon r’n’b lover pour devenir une star. Mais faut-il en vouloir au public de permettre à ce genre d’artistes de perdurer? Absolument pas, il s’agirait plutôt de pointer du doigt les grosses firmes incompétentes qui ne choisissent plus les artistes pour leur talent mais pour leur incapacité à penser par eux-même, à prendre des risques pour essayer d’innover et de faire avancer le schmilblick. Sur ces bonnes paroles, revenons au « Rapport » notre Colonel chéri…
…Mais un rapport de quoi, sinon? Que l’avortement, c’est pas bien (« Aurélie)? Que les flirts sont systématiquement synonymes de prises de tête (« Comme les autres »)? Peut-être que l’on se sent concerné par de pareils textes avant l’âge adulte, mais à 26 piges, M. Reyel, il y a un cap sérieux à franchir. Si chez d’autres artistes, les paroles sont aussi inintéressantes que ça (Steven Tyler d’Aerosmith évoque dans ses paroles, souvent par le biais de la subtilité, son engin et ce qu’il en fait avec les femmes), la musicalité est si bonne qu’on ne peut passer qu’outre et finalement se prendre à la calomnie. Mais dans le cas d’individu comme Reyel, l’indigestion est à son comble. Bien des artistes francophones au talent certain comme Dyonisos, Dolly ou Astonvilla n’ont vu leur carrière ne décoller que le temps d’un album puis basta, les médias se sont accaparés les mièvreries pop ultra-prévisibles et dancehall pour jouer sur la naîveté des modes. Pathétique.
Voilà donc où se situe Au Rapport, quelque part entre l’insupportable et le pitoyable. La pauvreté des textes n’excuse même pas une absence profonde de recherche instrumentale, c’est profondément chiant et j’espère fortement que les médias vont comprendre d’ici quelques années que pour faire un max de bénéfices, il faut intéresser TOUT LE MONDE (Michael Jackson l’a fait… pourquoi pas quelqu’un d’autre?) et non chercher à flairer quelconque mode pour tenter d’en devenir le porte-parole. De la musique, bordel, on veut de la MUSIQUE!
Laurent.
Garde a vous le colonel est là
C’est encore pire que ce que je pensais…
« J’espère fortement que les médias vont comprendre d’ici quelques années que pour faire un max de bénéfices, il faut intéresser tout le monde et non chercher à flairer quelconque mode pour tenter d’en devenir le porte-parole. »
Je penses que tu as tord…
Pourquoi se faire chier à essayer de garder le même artiste plusieurs années ? Tu as la possibilité de prendre un « artiste » qui surfera à fond sur la vague et fera un max de bénéfices et quand cette mode sera fini, bah tu le laisseras tomber comme un vieux mouchoir (c’est ce qui s’est passé avec la tecktonik, pourtant quelle masse de pognon ça a pût générer!) et un autre chanteur prendra le relais pour se faire jeter lui aussi 2ans plus tard, etc.
Je crois que certains producteurs ont encore moins d’états d’âmes que tu ne le penses. Garder un artiste plusieurs années, ça ne les intéresses pas. Ce qu’ils veulent, c’est des chanteurs qui surfent à fond sur une vague musicale qui touchent une tranche d’âge jeune et plus influençable (12-14 ans), ils veulent des artistes « jetables ».
Plus il y a de modes, plus le rythme est effréné, plus les bénéfices sont gros. Donc faire accumuler plusieurs modes éphémères, pas forcément de qualité, c’est peut-être pour certains producteurs de maisons de disques plus intéressant qu’essayer de faire perdurer une mode en particulier pendant plusieurs années.
Quand une mode perdure, les gens s’habitue et achète moins, alors que lorsqu’en permanence de nouvelles modes affluent, c’est nouveau donc on dépense plus, on achète plus de cd. C’est con mais c’est comme ça, c’est du business et c’est réfléchit pour faire un max de blé (constat amère).
Quant à la qualité musicale, beaucoup de producteurs de maisons de disques n’en ont strictement rien-à-foutre, comme tu peux t’en douter ^^