Avoir fait partie d’un des groupes de rock les plus influents de la planète n’est qu’un sale prétexte en ce qui concerne le succès grandiloquent qu’a connu Dave Grohl et ses Foo Fighters juste après la mort du dieu Kurt. Car celui à qui on demandait de frapper moins fort sur ses fûts est aussi doué à ce poste qu’en tant de cerveau-guitariste-chanteur. Il l’avait d’ailleurs prouvé sur un premier album éponyme à la prod’ bien cradingue, un peu faiblarde mais qui donnait du grain aux quelques tubes (« This Is A Call », « Big Me ») qui s’y trouvent.
Las qu’on lui colle l’étiquette « d’ancien Nirvana », Grohl décide de corser l’affaire pour la composition des morceaux: plus question de ne parler que de grunge, plus question de faire dans le linéaire, le frontman devient complètement maniaque et finit par frustrer le batteur William Goldsmith qui se barre en plein milieu de l’enregistrement de l’album, dont Grohl lui-même achèvera les quelques parties de batteries manquantes. Les morceaux finalisés, il ne manque plus qu’à faire appel à celui qui donna cette fibre unique au Trompe Le Monde des Pixies, Mr. Gil Norton. Voilà donc le responsable de ce son presque parfait, clean et laissant libre cours à chaque instrument de s’exprimer.
On peut dire que l’histoire des FOO commence véritablement avec cet album: bien plus qu’un simple groupe de power-pop, ils font preuve, tout comme leurs compatriotes de Weezer et leurs amis lointains de Ash, d’une classe héritée de la bande de Franck Black et d’une énergie encore accroché à ses racines grunge. Ici, on se moque que le groupe alterne entre morceaux qui foutent une pêche d’enfer (« Monkey Wrench », « Up In Arms », « New Way Home ») et les ballades comme « See You » et « February Stars », car ces treize morceaux forment une entité tout à fait cohérente, avec des « My Hero » et « My Poor Brain » à tomber par terre.
On ne le dira jamais assez, Foo Fighters existe pour donner le sourire. N’allez pas chercher en eux la démoralisation ou au contraire l’exutoire par excellence. Partisan de la bonne humeur, Dave Grohl ne décevra pas sur les albums suivants, mais The Colour & The Shape reste le plus marquant de sa carrière (dans les Foo), du moins celui dont on se souvient tout de suite malgré ce nom ridicule et sa pochette affreuse. Le bonne époque du rock alternatif…snif.
Laurent.