Alice Cooper – Dragontown

Genre: néo-heavy metal        ®2001

Alice Cooper avait pris tout le monde de court avec Brutal Planet, signant un virage résolument moderne (pour ne pas dire néo-métallique) et bien plus sombre qu’à l’accoutumée. Agressif et confirmant l’immense ouverture d’esprit du musicien toujours aussi théâtral, l’exercice s’est révélé cependant un poil trop répétitif au fil des écoutes et même les quelques hits que sont « Blow Me A Kiss », « Gimme » et « Take It Like A Woman » n’a pas aidé à rendre le tout incontournable, malgré la bonne volonté d’avoir réalisé un concept différent et plus difficilement abordable.

Un an après les thèmes tragiques de Brutal Planet sort Dragontown, dans la continuité de son prédécesseur pour ce qui est du gros son qui tâche mais cette fois porté sur un sujet qui n’a rien d’étranger au heavy métal, l’Enfer. Une nouvelle fois produit par Vincent Furnier lui-même et co-produit par le guitariste Bob Marlette, ce vingt-deuxième méfait offre des morceaux encore plus puissants mais également un poil plus dynamiques, en témoigne l’ouverture fracassante « Triggerman », qui renoue avec ce bon vieux goût du refrain simple et entêtant. On pourrait ainsi croire que Dragontown signe un retour au rock’n’roll d’antan, mais cet album est bien plus subtil et original qu’il en a l’air. « Deeper » est à ce jour le titre le plus lourd écrit par Cooper, et un des plus inquiétants avec ce chant sinistre et ses choeurs, et l’indus est de nouveau présent sur l’anarchique et tubesque « Sex, Death & Money ».

Aficionados du hard, rassurez-vous, M. Furnier vous a réservé un soupçon de old-school avec « Fantasy Man » et son refrain kitsch, et se permet même de se la jouer Elvis sur « Disgraceland ». Diversifié mais ne donnant jamais l’impression à l’auditeur de baigner dans un foutoir auditif, Dragontown surprend souvent, notamment avec le chant pseudo-rapé de « Sister Sara » accompagné de choeurs féminins et cette aptitude à être totalement crédible dans le registre néo (« Somewhere In The jungle »).

La ballade « Every Woman Has a Name » est en revanche loin d’être aussi convaincante, un peu à côté de la plaque en vue de ce que nous offre la plupart des autres titres, mais bien heureusement, Dragontown se clôt sur deux excellents crus: « It’s Much Too Late » qui renvoie directement à Hey Stoopid et « The Sentinel » qui achève le voyage avec un titre lourd et mélodique que n’aurait pas renié Korn malgré le fossé entre les deux artistes.

Moins lugubre, plus festif et mieux produit que Brutal Planet avec l’effet de surprise en moins, Dragontown est loin d’être le moins démonstratif du talent du parrain du « shock rock ». Dernier épisode d’une trilogie métallique de deux albums -le troisième, Spirit Rebellious, ne verra finalement jamais la lumière du jour- réservée à ceux qui sont pour l’évolution du métal et les prises de risques, mais le détour en vaut franchement la chandelle.

Laurent.

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