Genre: power symphonique ®2002
L’histoire du speed mélodique, initiée par les teutons de Helloween, a connu ses plus beaux jours sous le règne des finlandais de Stratovarius quand l’insupportable mais extrêmement talentueux guitariste-compositeur Timo Tolkki menait encore les rênes. Bien sûr, le succès du groupe ne s’en tient pas qu’à son membre-fondateur, ce dernier étant alors accompagné des non moins virtuoses Jörg Michael (batterie, à ne pas confondre avec une certaine star de la pop), Jari Kainulainen (basse), Jens Johansson (claviers) et du chanteur à la voix qui ne laisse personne indifférent, Timo Kotipelto. Entre 1995 et 2003, le groupe n’a cessé d’évoluer dans son registre, balançant à la face du monde des Episode (1996), Infinite (2000) ravageurs, ainsi que ce Elements Pt.1 qui signe d’un point de vue strictement personnel, l’apogée du groupe et par ailleurs, du style qui depuis, n’offre presque rien d’aussi poignant et original.
Démarrant sur un « Eagleheart » très classique et court, au refrain presque trop teinté de chantilly mais néanmoins accrocheur, Elements Pt.1 rompt avec les clichés que l’on colle au speed mélodique, à savoir « celui qui battra le record de vitesse sous des effusions de choeurs et de chant aigu » pour se consacrer à un registre beaucoup plus symphonique et épique. Helloween avait déjà montré la voie avec The Dark Ride (2000) mais c’est ce neuvième album qui va réellement dévoiler l’énorme potentiel de composition des cinq briscards, certes brusqués par un guitariste au caractère à s’en mordre les doigts mais dont le résultat est passionnant de sa sincérité et surtout de sa richesse musicale. Encore mieux produit que son prédécesseur, laissant libre court à chaque instrument d’avoir son mot à dire, Elements pt.1 est le deuxième album à sortir sous la houlette du monstre Nuclear Blast. C’est donc à partir de l’écrasante « Soul Of a Vagabond » que commencent les choses sérieuses, avec un refrain tout en choeurs de très haute volée et ce rythme mid-tempo lancinant. A ce moment, Elements Pt.1 entraîne l’auditeur dans une spirale de mélodies toutes aussi sublimes les unes que les autres, que ce soit par le biais du speed bien speed (« Find Your Own Voice », « Learning To Fly »), de morceaux lents et poétiques (« Papillon »), de titres instrumentaux (l’impressionant « Stratofortress ») ou de morceaux plus progressifs, et pièces maîtresses de cet album (« Fantasia » et l’émouvante « Elements »).
En ce temps, Stratovarius ne ressemblait à aucun autre groupe, pas même à ces copieurs de Sonata Arctica, ni aux autres maîtres que sont Helloween et Symphony X. Non, Tolkki et sa bande ont prouvé qu’ils savaient faire autre chose que du sous-Maiden avec ce Elements pt.1 qui frôle de rien la perfection. Après ça, plus rien ne sera jamais pareil: Tolkki, le pilier central, s’en va après deux albums plus que moyens, dénués de la magie qui imprégnait chaque composition du groupe dans les opus cités plus haut. Mais heureusement, Elements pt.1 sonne toujours d’actualité et a semble-t-i marqué nos esprits jusque mort s’en suive. La classe totale.
Laurent.