Comme on dit, il y a un début à tout. Non pas que les RATM soient à l’origine du heavy métal ou du hip-hop, mais plutôt de la fusion officielle des deux. Officielle, oui, car quelques artistes comme Faith No More (« Epic »), Aerosmith (« Walk This Way » ft. Run DMC), Anthrax (l’ironique « I’m The Man » et « Bring The Noise » avec Public Enemy) et quelques autres s’étaient essayés à l’exercice quelques années plus tôt mais aucun n’en a fait son style de prédilection. Ainsi Tom Morello (guitare), Tim Commerford (basse), Brad Wilk (batterie) et l’intrépide Zach De La Rocha (chant) vont, à eux quatre et sans artifices particuliers, révolutionner le Métal.
Politiquement engagés, proches de la gauche radicale, les Rage marqueront à jamais les esprits autant par ce son nouveau, groovy et aux sonorités de guitares inédites, que par les textes rageurs et extrêmement provocateurs de La Rocha, pointant du doigt un système alors rongé par le racisme et le capitalisme.
Pochette troublante, illustrant un fait réel datant de 1963: un moine vietnamien s’immolant par le feu pour dénoncer l’abus de pouvoir du gouvernement envers les bouddhistes. Le band de Los Angeles ne fait rien dans la demi-mesure, allant jusque hurler un « F**k you, I won’t do what you tell me! » sur la légendaire « Killing In The Name ». Les lascars ont pondu et produit eux-même dix morceaux issus de leurs tripes avant même d’avoir eut l’idée de révolutionner quoique ce soit. Le dérangé Maynard James Keenan, à l’époque où Tool n’était qu’un groupe de clowns comme un autre, s’invite même sur « Know Your Enemy ». On retrouvera « Wake Up » quelques années plus tard dans la B.O d’un film également révolutionnaire, Matrix, qui ne manque pas de nous rappeler (la B.O) ô combien le premier album de RATM est intemporel.
Mixé par le génie Andy Wallace (responsable d’à peu près tous les mix d’albums métal du continent nord-américain), Rage Against The Machine ne peut être critiqué pour son contenu, il ne s’agit que d’une histoire de goût: les puristes pensent que la fusion fait honte au métal, tandis que les autres y voient une avancée d’un genre gavé par le glam et le thrash. Un point d’encrage pour une génération qui s’apprête à exploser, celle de Korn, Deftones, Limp Bizkit et de leurs nombreux ersatz. Fini de jouer, il est temps de lever l’étendard et de crier au scandale, si les RATM l’ont fait avec peu de moyens, pourquoi pas vous?
Laurent.