Slint – Spiderland

Genre: sadcore (mais pas que…)      ®1991

La meilleure expression me venant à l’esprit après ces quelques semaines d’écoutes des deux albums de Slint, Tweez (1989) mais plus particulièrement Spiderland est « mieux vaut tard que jamais ». Parce qu’être un dingue de musique ne permet pas de découvrir tous les artefacts planqués dans les archives, on peut compter sur l’entourage qui vit une passion identique à la vôtre pour vous épauler et ainsi satisfaire sans arrêt vos écoutilles. En remontant aux origines du post-rock, nous avons découvert ce groupe, Slint et son ultime album Spiderland, sorte d’OVNI où se chevauchent le noise rock de Sonic Youth, un hardcore bien lent, crade limite dépressif (qu’on peut nommer sadcore) et pourquoi pas une touche emo en titillant un peu.

En seulement six morceaux, les quatre jeunes musiciens, que l’on peut voir sur la pochette, bouleversent les codes du rock en mélangeant l’improbable afin de créer une ambiance déstabilisante, complètement underground et au final bien plus concrète qu’elle n’en a l’air. L’instrumental prime sur le chant de Brian MacMahan, n’intervenant que pour marmonner des trucs incohérents ou pousser des hurlement, tandis que Britt Walford propose un jeu de batterie inédit en martèlant ses fûts quand bon lui semble (« Nosferatu Man » est le meilleur exemple). Certains morceaux comme « Don, Aman », sans basse ni batterie, ou la plus connue « Good Morning, Captain » (B.O du film « K.I.D.S » de Larry Clarke) ne se basent que sur de maigres accords et réussissent malgré ça à entraîner l’auditeur dans une spirale infernale de morosité, passionnante soit-elle.

Bien qu’on pourrait penser que la musique de Slint est une descendante du grunge, elle en est davantage une lointaine cousine. Spiderland a bel et bien crée un nouveau genre de musique difficile à définir encore aujourd’hui mais qu’importe les étiquettes, on sait qu’il a ouvert les portes à bons nombres de groupes de post-rock et de post-hardcore.

Enregistré en live studio par le producteur Brian Paulson, Spiderland n’a vu le jour qu’après deux ou trois prises seulement et dans des conditions totalement hors-du-commun; des rumeurs courent que le groupe lui-même aurait été traumatisé pendant et après les sessions d’enregistrement, envoyant au moins la moitié des membres en examen psychiatrique. Rarement un artiste ne s’est autant investi dans ses oeuvres avec aussi peu de moyens tout en faisant avancer les choses, au même titre que Nevermind (de Nirvana of couse) ou Loveless de MBV. Plus de vingt ans après, il n’y a guère plus grand honneur que d’écouter Spiderland en vinyle, une nouvelle découverte qui va encore me permettre d’étendre une encyclopédie déjà bien chargée en petites perles. Mais puisqu’il en faut toujours plus… Don’t be sad!

Laurent.

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