A juste titre, Billy Corgan a-t-il encore le droit de continuer sa carrière sous le nom de Smashing Pumpkins? Seul rescapé d’une des plus grandes machines infernales des années 90, le chanteur/guitariste à la voix de canard authentique joue depuis plus de vingt ans les bourreaux avec les musiciens qui l’entourent, estimant être le seul et unique propriétaire de la marque SP. Un génie insupportable devenu la raison principale des départs successifs de ses camarades et dont l’ultra-ego se répercute aussi sur la qualité des albums succédant au chef-d’oeuvre Mellon Collie & The Infinite Sadness.
Annoncé par Corgan himself comme étant « le meilleur album depuis 1995 », Oceania est le septième album studio, succédant à Zeitgeist dont le retour en force eût été convaincant mais pas non plus tonitruant. Initialement, ce dernier bébé devait sortir de la même manière que les 44 titres de Teargarden By Kaleidyscope à savoir en téléchargement gratuit mais il semble que le format CD dans les bacs soit revenu au goût du jour. Enregistré dans le studio de Billy Corgan et produit par le frontman, Oceania est une nouvelle fois l’oeuvre d’un homme qui tient les ficelles mais qui n’empêche pas The Smashing Pumpkins de sonner comme un vrai groupe.
Plus que jamais accroché à ses racines, Billy Corgan a composé treize titres qui demandent un certain nombres d’écoutes successives. Beaucoup attendent surement un retour aux guitares nerveuses et grungy des trois premiers opus, moi y compris, et c’est sur ce bon point que débute Oceania avec « Quasar » et « Panopticon », deux pièces qu’on aurait pur retrouver sur Zeitgeist mais dont la frénésie renvoie directement à Gish ou Siamese Dream. Pour la suite, il faut se contenter d’une ambiance oscillant entre les plus doux morceau de Mellon Collie…(« The Celestial », « Pale Horse ») et l’éléctro-pop de Adore (« Pinwheels », la passable « Violet Rays ») avant que l’électricité ne redonne ses lettres de noblesse au rock alternatif avec l’enjouée « The Chimaira » et « Glissandra » qui remet au goût du jour les influences shoegazing (My Bloody Valentine) de Corgan. On pense également au projet Zwan à travers des morceaux mélangeant mélodies pop et soft rock comme « One Diamond, One Heart » ou « My Love Is Winter ».
Ne portant pas l’aura d’un futur album culte, Oceania correspond cependant à l’étiquette promotionnelle que lui a collé son frontman avant sa sortie. Avec de l’excellent et du moyen, ce nouveau cru est ce que les Smashing Pumpkins ont fait de mieux depuis 1995 et mérite qu’on s’y intéresse. Réservé aux fans qui ont la patience d’écouter des albums pas forcément bien équilibrés mais riches en subtilités.
Laurent.