A l’heure où les groupes américains sont dépassés par les Scandinaves qui à leur tour commencent à nous les gonfler avec leur power métal ou leur mélodeath sans saveur, les suisses ont toujours un sens inouï de l’innovation et ce depuis maintenant trente ans. Celtic Frost et Coroner en auront inspiré plus d’un sans jamais se faire marcher sur les pieds, et plus récemment les genevois de Sybreed ont repoussé les limites du métal industriel en proposant une musique conceptuelle aussi technique que mécanique. Slave Design (2003) a été la bombe à retardement parfaite, explosant au milieu d’une communauté métallique pas encore en déclin, loin de là, mais qui avait besoin d’une pareille secousse. Son successeur, Antares (2007), moins violent mais plus maîtrisé, a révélé un groupe capable d’aller de l’avant tout en respectant sa ligne de conduite. Le concept de la confrontation de l’homme et de la machine est monnaie courante dans l’indus mais Sybreed est l’un des groupes les plus talentueux de sa génération et parvient les doigts dans le nez à nous faire pénétrer dans cet univers froid et oppressant. En 2009, le quatuor enfonce le clou en sortant ce qui me paraît être leur meilleur album, The Pulse Of Awakening.
Sorti sous Listenable Records et enregistré dans le studio du groupe, The Drone, ce troisième méfait réunit les meilleurs éléments de ses deux aînés à savoir la brutalité sans concession de Slave Design et les mélodies pop d’Antares. Le son est encore plus énorme, et le groupe a atteint un niveau qui le place désormais aux côtés (si ce n’est au-dessus) des In Flames et autres Soilwork. Chaque morceau offre son lot de surprises en puisant ses ingrédients dans différentes sources, ainsi au-delà des claviers typiques mais indispensables, on note quelques influences death de Göteborg -pas si évidentes que ça- sur les premiers morceaux, « Nomenklatura » et « A.E.O.N » sur lesquelles Ben alterne entre un chant hurlé rappelant un peu celui d’Anders Friden et un chant clair plus personnel et sacrément bien maîtrisé, ainsi que des passages renvoyant au black électro de Samael (« I Am Ultraviolence », « Lucifer Effect »); et parmi les morceaux les plus accessibles, on trouve les deux perles que sont « Doomsday Machine » et « Electronegative », plus proches de Fear Factory.
Sacrément bien foutu, The Pulse Of Awakening a été une véritable claque, écopant de ma part le statut de « la meilleure prestation métal 2009 ». C’est propre, carré, puissant et diaboliquement original, pas sur-fait et pas non plus caricatural. On attend avec impatience la suite des évènements, en espérant que d’ici là que votre chroniqueur préféré (#rires..) ne soit pas remplacé par Z-6PO!
Laurent.