Deux ans après le splendide Beneath The Remains, qui marquait un nouveau départ vers un thrash inspiré par Slayer et Metallica tout en ayant sa patte, les Brésiliens rejoignent leur ami Scott Burns aux Morrisound Studios pour enregistrer leur nouvel album sur place, dans des conditions bien plus confortables qu’au Nas Nuvens à Rio. Dans la continuité du virage emprunté sur BTR, ce quatrième opus est encore plus rapide et maîtrisé néanmoins le death ne fait plus du tout partie du langage du groupe, ainsi Arise marque une nouvelle ère entièrement consacrée au thrash. A vrai dire, il n’y a que la pochette, une nouvelle fois réalisée par Michael Whelan, qui raccroche Sepultura à ses racines. La ressemblance avec les pères du thrash est encore plus évidente ceci dit le groove, tout juste intégré dans le métal, est palpable et permet à Arise de ne pas trop souffrir de comparaisons empoisonnantes.
En grands dénonciateurs de la cruauté des gouvernements sud-américains, Max, Igor, Andreas et Paulo Jr. ne se focalisent presque plus sur les thèmes occultes et déversent une rage limite hardcore brisant avec la musique sombre qui faisaient le charme des précédentes réalisations, mais cette nouvelle étape inspire à prendre les armes et à se joindre à la lutte contre l’inhumanité. La dextérité d’Igor est impressionnante tout comme le sont les hurlements de Max, complètement impliqué dans ses histoires. Du mixage d’Andy Wallace, connu pour son travail sur les albums mythiques de Slayer, en ressort un son encore moins brouillon -déjà pas si brouillon sur BTR– où aucun instrument n’est plus en avant qu’un autre. Les guitares sont légèrement plus sur la réserve à l’instar d’un certain Seasons In The Abyss mais la patte Sepultura est bien présente et assènent l’auditeur de riffs inoubliables comme celui de l’ouverture « Arise » ou ceux de l’infernal « Dead Embryonic Cells » mis en valeur par une introduction type industriel qui laisse entrevoir la direction du futur projet de Max, Nailbomb, des contre-rythmes fous et une vitesse d’exécution inédite pour le quatuor.. Le croisement des arpèges inquiétants de Kisser et des grosses rythmiques de Cavalera est toujours aussi bien exploité (« Desperate Cry », « Under Siege »), et pour la première fois, le groupe laisse transparaître ses origines tribales avec les intros de « Substraction » et surtout de « Altered State » que l’on croirait enregistrée en pleine forêt amazonienne.
Moins charismatique que Beneath The Remains mais excellent dans le registre thrash couillu et « à thème », Arise est un missile dont les morceaux d’une grande qualité ont permis à Max & cie de se ranger aux côtés des valeurs sûres du métal. Une baffe dans son genre avant que Chaos A.D, l’album de Sepultura avec lequel j’ai grandi et dont l’affinité qui lui est due est sans précédent pour un disque de thrash, ne démontre un groupe plus déterminé que jamais à laisser son coeur s’exprimer et ainsi se donner une cure de jouvence plus qui force le respect.
Laurent.