Sepultura – Chaos A.D

Genre: thrash groovy      ®1993

Sepultura, un des groupes de métal les plus engagés contre l’injustice qui règne dans son pays natal, s’est reconverti depuis Arise (1991) dans un pur thrash ambitieux et foncièrement agressif. Le succès est au rendez-vous et la notoriété du groupe ne fait que se renforcer lors des tournées avec des grands noms comme Ozzy Osbourne ou Ministry. Courant 1993, les quatre gus s’enferment dans un studio en compagnie d’Andy Wallace en tant que producteur pour enregistrer ce qui sera un des albums les plus controversés de l’histoire du métal, Chaos A.D -(attention, il n’est pas question ici de prendre parti mais bien de juxtaposer des propos cohérents pour donner un avis personnel-) soit l’apogée d’un groupe en pleine crise de conscience. Coup de génie pour les uns, trahison suprême pour les autres, Chaos A.D a secoué plusieurs générations de metalheads. Pour ma part, il fût l’un des premiers disques de métal à avoir tourné en boucle et c’est en partie une forte affection pour lui qui me pousserait aujourd’hui à vous en faire des éloges, mais ça n’expliquerait en rien ce en quoi il est intéressant.

Distribué par Roadrunner, Chaos A.D frappe de plein fouet là où les choses commencent à se gâter pour le thrash, alors étouffé à petit feu par le grunge , le métal industriel et d’autres genres aux statuts embryonnaires. Intéressés par ces nouvelles vibrations (et peut-être par l’argent mais on préfère éviter ce genre d’inepties faciles), les frères Cavalera développent un jeu mécanique à la manière de Godflesh ou Fear Factory tandis que Kisser (guitare lead) et Paulo Jr. apporte un groove élaboré quelques années plus tôt par Pantera afin de s’éloigner encore plus de leurs origines schizophréniques. La voix de Max, déjà très violente sur Arise, s’apparente désormais plus au hardcore qu’à un « Tom Araya-like » et les thèmes abordés sont directement rattachés aux problèmes que subit une majorité de la population du Brésil.

Pour ceux qui apprécient ce disque, cette évolution est un plus dans la carrière de Sepultura. La lourdeur des intrépides « Refuse/Resist », dont l’intro est en fait le battement de coeur du fils de Max né quelques semaines avant le début de l’enregistrement, et « Territory » prend aux tripes tandis que « Amen », premières confessions d’un amour jusque là inexprimé pour les religions pacifistes, ou l’instrumental « Kaiowas » dévoilent un groupe plus intelligent qu’il en a l’air. La reprise des punk-rockeurs New Model Army, « The Hunt », ou « Slave New World » avec Evan Seinfield de Biohazard en guest exploitent au mieux les nouveaux horizons hardcore qui se lient  d’amitié avec l’industriel sur « Manifest ». « Biotech Is Godzilla » quant à lui nous rappelle que Sepultura maîtrise toujours avec talent le thrash qui casse la baraque.

Faisant partie des admirateurs, je comprend également la réaction des réfractaires du Sepultura post-Arise: la vitesse fulgurante d’exécution et les ambiances sombres ne font presque plus partie de son registre et c’est vrai que pour connaître parfaitement les albums d’avant, et surtout en bon métalleux (pas) intègre, ces détails font un peu défaut. Or en prenant Chaos A.D dans un contexte tout autre, il s’en  dégage une énergie à la fois positive et troublante grâce à un son parfait, un exercice certes moins spontané que par le passé mais dont le résultat impressionne par sa richesse. Un nouveau coup de maître avant que Roots ne signe la fin d’une aventure extraordinaire aux côtés du « Bob Marley du Métal ».

Laurent.

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