Pour tout vous dire, Tygers of Pan Tang est Spellbound. Succédant à un Wild Cat (1980) inégal mais au final suffisamment honnête pour être considéré comme un des piliers de la NWOBHM, la bombe Spellbound mérite amplement de siéger entre un Killers (Iron Maiden) et un Hysteria (Def Leppard). Ayant fait le choix judicieux de signer chez MCA, les félins britanniques ont non seulement pu créer une oeuvre de meilleure qualité sonore que la précédente mais c’est surtout dans la promotion qu’ils ont été vernis.
L’intégration d’un second six-cordistes, John Syes, et d’un nouveau frontman, John Deverill, en remplacement d’un Jess Cox viré comme une vieille chaussette (…un mal pour un bien?) change considérablement la donne. Le talent des deux protagonistes vont faire de Spellbound un Number Of The Beast de série B puisque la production, déjà meilleure que celle de Wild Cat, a néanmoins du mal à traverser les années mais en ce qui concerne les compositions, c’est du spontané qui fait foutrement du bien! A l’instar du vénérable Lightning To The Nations de Diamond Head, cette deuxième offrande respire la mélodie aussi bien dans ces riffs rapides que dans ces soli souvent courts mais justement plus mémorables de Sykes. Et puis que dire du chant du nouveau venu… un coffre époustouflant qui rehausse toujours le niveau des titres quand ceux-ci se révèlent être rébarbatifs -réutilisation d’un même plan sur plusieurs chansons- mais ce ne sont pas les trente-cinq minutes d’écoutes qui vont rendre l’expérience insurmontable, bien au contraire. Des titres comme «Blackjack» et «Hellbound» sont des grands classiques pour les connaisseurs, rapides et incisifs soit tout ce qu’on peut attendre de mieux de la part d’un groupe de heavy traditionnel.
Et aussi surprenant que cela puisse paraître, les deux moments forts de l’album sont les ballades «Mirror», portée par la puissance de Derevill, faisant frissonner de sa voix chaleureuse et tout simplement unique, et «The Story So Far», électrique et rythmée mais enthousiaste à la manière d’un Thin Lizzy, ce qui contraste avec le «speed» prédominant. Sykes suit le frontman dans ses harmoniques pour pousser les mélodies à leur plus haut niveau.
L’album au tigre sur la falaise aurait du apporter au groupe une reconnaissance émérite, seulement ce dernier a choisi une tout autre voie pour les albums suivant et s’est perdu dans les méandres d’un rock franchement indigeste et totalement hors-du-coup. Ceci dit, Spellbound reste gravé dans nos coeurs, et rien au monde ne nous ferait oublier ce petit bijou de la NWOBHM.
Laurent.