Au milieu d’un nombre incalculable de devinettes se tient une problématique vieille de vingt ans: comment les Mets en sont arrivés à faire un album comme Metallica? Chacun de nous à sa réponse mais d’un point de vue général pour commencer, nous avons tous besoin de changement un jour ou l’autre et quite à déplaire à ceux qui voudraient dicter nos actes, il faut savoir foutre des bons coups de poing sur la table. C’est chose faite pour Metallica le 13 juin 1991 lors de la parution du « Black Album » comme on s’amuse tous à le nommer en raison de sa pochette rose flashy (…) mais non, noire de chez noire avec un serpent visible que sous un certain angle de lumière.
Produit par Bob Rock, l’ingénieur du son des mythiques Sonic Temple et Dr. Feelgood respectivement de The Cult et Mötley Crüe, Metallica délaisse le thrash qui a fait la gloire du groupe pour embrasser le heavy metal dans un esprit très rock. Le choc est immense et l’album dégoûte autant les fans de la première heure qu’il émerveille de nouvelles troupes d’admirateurs par son côté innovant, prouvant que le grunge en pleine ébulition n’a pas encore signé la mort du metal. Autant vous le dire, mon sens de l’impartialité me place en plein milieu de cet affront sur lequel nous n’apporterons aucun commentaire. Peut-être bien qu’en thrasher invétéré, j’aurais apprécié un groupe évoluant dans un thrash aussi classe que celui des quatre premiers opus mais après tout, qu’est-ce que ça peut bien faire? Le metal, tu l’acceptes ou tu le quittes. Non, rien à voir avec quelconque propagande extrémiste mais se faire à l’idée qu’un groupe propose quelque chose de différent avec une certaine qualité de composition derrière n’est pas une mauvaise chose. On en a assez parlé d’ailleurs et bien que mon avis sur le Black Album ait le cul entre deux chaises, les écoutes ont été nombreuses et le plaisir est toujours présent.
Plus abordable il est, plus mauvais il n’est pas. Metallica possède son lot d’hymnes poignants qui comptent parmi les titres les plus mémorables de leur carrière. Selon le groupe, il est l’album ayant demandé le plus de travail car chaque morceau a été construit autour d’un riff « bateau » dont « Enter Sandman » en est le meilleur exemple, idéal pour apprendre à jouer d’un instrument tout comme les deux premières vraies ballades de Metallica, « The Unforgiven » et « Nothing Else Matters », un peu simplistes mais tellement cultes qu’on préfère les laisser à leur place. Se placent parmi les titres phares, en plus des trois cités précédemment, « Wherever I May Roam », la lourde « Sad But True » inspiratrice pour le néo-métal à venir et « Of Wolf And Man » ainsi que « Holier Than Thou », derniers raccords au thrash metal.
Si l’ensemble est homogène, j’éprouve un certain sentiment de lassitude à la longue. La faute peut-être à Lars Ulrich trop occupé à marteler sa caisse claire en rythme binaire plutôt que de la jouer fine (c’est là que l’époque …And Justice For All me fait défaut). Bon alors, on en fait quoi de ce Black Album? On l’écoute de temps en temps en sifflotant des airs qu’on connaît sur le bout des doigts mais de là à dire qu’il s’agit de leur meilleur disque, il y a de quoi rester sceptique. Une prod’ monstrueuse qui y est pour beaucoup et un heavy metal apparu au bon moment, voilà ce qui peut justifier les 40 millions d’exemplaires vendus dans les quatre coins de la planète. Allons, je plaisante, The « Four Horsemen » sont allés de l’avant avec un pur esprit rock’n’roll et on ne peut que les féliciter d’être sortis des sentiers battus. D’ailleurs le plus controversant reste à venir et là, on va s’éclater. En mal? Non, certainement pas!
Laurent.