Et bien, nous voici déjà au sixième album de Black Sabbath. Le temps passe extrêmement vite, vous ne trouvez pas? Ah bien sûr, dans un concept exceptionnel pour ce groupe exceptionnel, il m’ait été obligé de sauter trois albums par souci de connaissances suffisantes les concernant. Du peu que j’ai écouté Master Of Reality (1971), Vol.4 (1972) et Sabbath Bloody Sabbath (1973), des nouveautés comme l’apport de guitares accoustiques, piano et synthétiseurs ont rendu la musique du groupe plus intelligente mais malgré mon attirance pour les genres à consonnance « chiants » -le prog’ en effet, et les musiques traditionnelles- j’ai peine à me jeter sur un Black Sabbath différent de celui qui envoie les gros riffs et qui fait peur d’où ce bond en avant vers mon album préféré du groupe (à cheval avec Heaven & Hell), le bien nommé Sabotage.
Reconnus comme étant d’excellents musiciens en studio, Bill, Tony, Geezer et Ozzy ont en revanche une fâcheuse tendance à se laisser aller avec une prise quotidienne de drogues notamment de la part du chanteur et du batteur dont le comportement excessif commence à faire bouillonner Tony Iommi. Les tensions sont nombreuses mais Sabotage parvient tout de même à s’extraire des studios Morgan. Son patronyme relate les évènements récents au sein du groupe comme si certains membres avaient souhaité reconnaître publiquement leurs torts. Niveau son, il marque un retour aux premiers amours heavy tout en continuant dans l’expérimentation orchestrale; un sacré point qui le rend aussi intéressant que les précédents albums, la puissance en plus. Il n’est par contre pas aussi sombre qu’il n’en a l’air, moins doom et plus encré dans le pur heavy metal, en témoigne l’ouverture « Hole In The Sky ». Le synthétiseur, déjà très présent sur Sabbath Bloody Sabbath, adoucit encore plus le ton sur « The Thrill Of It All » et la popisante (…pardon?!) « Am I Going Insane » au style proche de Yes ou Rush sans pour autant passer à côté de la plaque. Des morceaux typés progressifs sont présents à savoir « Megalomania » et « The Writ », apportant un contraste intéressant face aux autres morceaux plus accessibles. Pour finir, nous arrivons enfin à la crème de la crème: d’abord, deux instrumentaux phénomenaux dont le premier, « Don’t Start » ne dure que 49 secondes pendant lesquels Iommi démontre tout son talent tandis que le second, « Supertzar » met en oeuvre un opéra-rock avec des choeurs, puis LE morceau metal de l’album, l’un des piliers du futur thrash metal aux côtés de « Stone Cold Crazy » de Queen, le terrible « Symptom Of The Universe », qui est en tout honnêteté le premier morceau venant à l’esprit de n’importe quel metalhead lorsque ce dernier entend parler de Sabotage.
Une production puissante, des morceaux plus abordables sans pour autant dire au revoir à l’expérimentation, Sabotage n’a peut-être pas le statut culte des deux premiers albums en revanche je savoure autant la qualité qui s’en dégage. Le dernier coup de maître de la période Ozzy, il faudra attendre 1980 avant de voir un nouveau Black Sabbath qui casse la baraque.
Laurent.