Et blablabla, Nevermind par-ci, Nevermind par-là. Nevermind, ultime révolution du rock avant un retour aux sources dans les années 2000 (White Stripes pour le garage, Strokes pour le post-punk) qui n’a fait qu’avancer de peu celui-ci. Et bien vous savez quoi? La ferme! Car onze ans après ce bon mais surestimé Nevermind, il y a eu cet album des Reines de l’Age de Pierre qui a bouleversé ma vie. Avant même de connaître Kyuss, Monster Magnet et de me plonger dans ce rock si sobre mais tellement génial qu’est le stoner, Songs For The Deaf, sauf intervention intempestive de Josh Homme pour me contredire, a redonné un souffle non seulement au genre mais au rock d’une manière générale. Ceux qui crachent sur ce qui touche de près ou de loin à la « pop » n’ont certainement pas cherché à comprendre l’impact positif qu’a pu avoir ce disque sur des amoureux de musiques violentes de décérébrés. Rated R (2000) avait déjà posé les bases de ce mélange particulier de stoner[…] pardon, de rock et de mélodies popisantes, mais pas encore de « No One Knows » pour faire éclater le groupe au grand jour.
Enregistré en Californie, Songs For The Deaf est né de la réunion de quatre musiciens étonnants: Josh Homme (chant, guitare), Nick Oliveri (chant, basse), Mark Lanegan (chant), déjà ensemble pour l’album précédent, on été rejoint par Dave Grohl qu’on a pas entendu à la batterie depuis The Colour & The Shape (et non Nirvana comme le prétend Wikipédia puisque le batteur des Foo Fighters s’était barré en plein enregistrement de cet album). Le son est puissant, « You Think I Ain’t Worth a Dollar, But I Feel Like a Millionaire« nous piège avec un riff explosif succédant à un délire avec des stations de radio américaines. Le titre de l’album (littéralement « Chansons pour les sourds ») vient d’une traversée du désert -au sens propre- en voiture par Josh Homme qui ne captait que des radios espagnols farfelues. Le leader a décidé d’en faire un des thèmes de ce disque de manière parodique. Mais la véritable force de cet opus, outre son côté décalé, se trouve dans son incroyable diversité. N’ayant pas grand chose en rapport avec Linkin Park non plus, le rock burné fornique avec la pop d’une manière encore vaguement exploitée jusqu’ici. Les tubes, aussi modestes soient-ils, sont là, il n’y a d’ailleurs que ça, qu’ils soient presque maintream (« No One Knows », « Go Fith The Flow ») ou plus underground (« A Song For The Dead », « First It Giventh ») histoire d’en citer quelques un. Le choix de Dave Grohl derrière les fûts n’est pas anodin, rarement un son de batterie n’avait été aussi mis en avant sans jamais taper sur le système. Et pour la première fois, Mark Lanegan assure le chant principal sur deux titres, « Hangin’ Tree » et « God Is On The Radio » apportant une ambiance encore différente de celles apportées par Homme et Oliveri.
Assez de balivernes et venons-en à la conclusion: Songs For The Deaf exprime tout ce qui se fait le mieux dans le rock en soixante minutes. Sans jamais tomber dans la facilité, les Reines de l’Age de Pierre sont passé du menhir au silex avec la volonté de trancher plus que d’écraser. C’est sûr, tout comme ce silex, elles étaient taillées pour ça. A ce jour, il reste leur album le plus abouti même si les suivants ne dérogent pas à la règle de la succession de tubes. Pardon? Ce mot vous gêne? Queens Of The Stone Age = Machine à TUBES, un point c’est tout.
Laurent.