Pestilence – Doctrine

Genre: death metal                       ®2010

Soyons direct: le dernier véritable sacre de Pestilence remonte à 1991 avec son terrible Testimony of the Ancients, album des retrouvailles avec le hurleur d’origine Patrick Mameli qui posait les bases d’ une réorientation du death déjà si particulier du combo néerlandais. Suite à cette pépite, le groupe va se perdre dans des expérimentations un peu trop déroutantes et ce dès Spheres (1993) dont l’avant-gardisme n’égale pas celui d’un certain Focus (1993 aussi) des américains de Cynic qui lui en revanche parvient contre toute attente à poser les bases d’un death nouveau contrastant avec l’aspect brut de décoffrage de Suffocation ou minimaliste d’Obituary.

Alors que le succès du nouveau groupe de Van Drunen, Asphyx, se voit de plus en plus grandissant en dépit de quelques albums en demi-teinte sur la deuxième moitié des 90’s, Pestilence se sépare pour ne reprendre les rênes que quinze années plus tard. Plus téméraire que jamais, Mameli n’hésite pas à annoncer que Resurrection Macabre (2009) est l’album le plus violent et le plus technique jamais composé pour le groupe, seulement sans contredire le frontman, ceci n’excuse en rien un manque profond d’inspiration doublé d’une personnalité encore moins marquée qu’auparavant, malgré une production de qualité. Ce retour est loin d’être celui espéré, alors que reste-t-il comme solution à ces hollandais pour tenter de convaincre? Se renouveler? Remettre un pied dans l’expérimental? Et bien en effet, Pestilence s’y replonge mais pas comme on pourrait l’entendre: les plans hyper techniques ne fusent pas sur Doctrine, mais l’apparition de guitares huit cordes donne une couleur inédite à l’ambiance sombre de la formation.

Et c’est bien là que ça fait mal… Ce nouveau son fait de Pestilence un groupe de la même trempe que des «tendances» du moment comme Meshuggah ou Mnemic, ou encore pire, au risque d’en faire râler plus d’un, le rapproche de ce qu’on appelle le deathcore. Alors bien sûr, le chant de Mameli n’est pas vraiment hardcore, pas plus que les riffs, mais franchement cette volonté de sonner moderne est désolant. Etait-ce nécessaire? A priori non, mais peut-être qu’il s’agissait du dernier recours à une panne sèche de créativité. En gros, c’est du très lourd, il y a un ou deux titres comme «Absolution» ou «Deception » qui attirent l’attention grâce à la prestation des musiciens au doigté toujours aussi emblématique et à un Mameli un peu plus convaincant que sur Resurrection Macabre (et encore…), mais l’ensemble est foncièrement plat et à des années lumières de ce qu’a pu nous proposer Pestilence sur ses trois premières tueries.

Il semblerait que Doctrine signe définitivement le déclin d’un groupe qui fut grand, dont les prises de risques auront eu raison de toute trace d’intérêt. Un album qui plaira peut-être à ceux qui connaissent la formation depuis peu, en revanche il est certain que tous les autres s’empresseront de se jeter sur ce bon vieux Consuming Impulse (1989) pour essayer d’oublier le plus vite possible l’aspect acerbe de Doctrine.

Laurent.

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