Un groupe de métal industriel du Massachussets, ça devrait bien en faire tilter certains. Si ce n’est pas le cas, pensez à un type passionné par les films d’horreur et ex-frontman d’une des formations les plus mythiques du métal (industriel) des 90’s. Maintenant que les choses sont un peu plus claires, passons à la carrière du demi-frère de ce mystérieux personnage, Michael «Spider» Cummings.
Créateur de l’ovni Powerman 5000 en 1992 en hommage au superhéros de BD Power-man, après avoir tapé dans la fusion rap/funk avec ses potes respectivement guitariste et bassiste Adam 12 et Dorian 27, Spider invite ces deux derniers à faire évoluer leur fusion en y incorporant des éléments thrash industriel à la Prong et la folie des Beastie Boys, qui donne un résultat assez surprenant à la sortie de True Force (1994) et encore plus percutant en 1996 avec Blood Spat Rating Suspense. Mais le succès du groupe débute vraiment à partir de la signature chez le label Dreamworks, qui permet une meilleure distribution de Mega Kung-Fu Radio! (1997), sorte de remastering des deux premiers opus.
Nous y sommes. Mi-1998, l’arrivée de Mike «M33» Tempesta à la six cordes change radicalement la donne: exit les influences funk, le combo officie désormais dans un registre occupé quelques années plus tôt par White Zombie agrémenté d’un son iissu du nü-métal émergent. Et quelques mois après paraît Tonight the Stars Revolt!, son premier gros succès interplanétaire, et grosse baffe à proprement parler. Cet opus n’est rien d’autre qu’un enchainement de titres plus percutants les uns que les autres, bien plus démonstratif et efficace que le Candyass (1998) d’Orgy qui marquait pourtant les premiers liens entre l’industriel et la vague post-Korn.
Les deux éléments marquants de cette période indus sont bien sûr les effets cybernétiques mais également les modulations de voix de son charismatique leader oscillant entre les intonations du demi-frangin (cf. Rob Zombie) et les phrasés à la Jonathan Davis. De ce mélange sont nées les pépites «Supernova Goes Pop», «Nobody’s Real» et «Automatic» pour désigner les plus marquantes, et d’une manière générale l’ambiance sombre qui plane sur TTSR. On peut ironiquement qualifier cette musique de «comic-book métal» à l’effet euphorisant où l’on se surprendrait après plusieurs écoutes à contempler le paysage accroupi sur le rebord d’une fenêtre comme le fond la plupart des super-héros.
Un souvenir mémorable de la transition 90-2000, où l’inspiration laisse de plus en plus de place au formatage radiophonique. Contrastant avec l’industriel allemand (KMFDM, Oomph!), plus dark et également plus martial, l’indus américain, davantage porté sur le post-punk dansant de Killing Joke, n’aura connu que quelques années de gloire avec White Zombie, Filter, Stabbing Westward, et Powerman 5000, ceci dit leur discographie 90’s est toujours d’actualité et le sera très certainement pour les générations à venir. Culte.
Laurent.