Deftones – White Pony

DEFTONES-White.Ponygenre: metal alternatif                 ©2000

Annonçons la couleur d’entrée de jeu: White Pony fut, est et restera à jamais le chef-d’oeuvre ultime de Deftones. Si son impact sur la scène néo-metal -sujet toujours chiant à aborder mais hélas nécessaire- a été moindre que ses deux prédécesseurs, il est revanche celui que personne n’attendait et qui a servi d’exemple en terme d’ovni musical, surpassant de loin tous les petits clones prêts à amasser des milliers de dollars avec des tubes pompeux. Chino Moreno (chant, guitare, arrangements) et sa clique -Stephen Carpenter (guitare), Abe Cunningham (batterie), Frank Delgado (samples) et le regretté Chi Cheng (basse)- ont préféré jouer la carte de l’intimité et du mystère, d’où cette difficulté à pénétrer complètement dans l’univers de ce troisième album lors des premières écoutes à l’époque, surtout que « My Own Summer (Shove It) » venait tout juste de se faire connaître du grand public grâce à une place de choix dans la B.O mythique de Matrix.

Around The Fur (1997) témoignait déjà d’une certaine tristesse (rappelez vous l’étrange « Mascara ») mais se contentait surtout d’envoyer un gros son dans notre face, novateur et plus simpliste. Désireux d’évoluer sous des traits plus adultes, les cinq de Sacramento accouchent sous la tutelle du célèbre producteur Terry Date (Soundgarden, Pantera) d’un troisième opus qui aura suscité de longs débats entre Chino et Stephen, le premier souhaitant mettre en avant son amour pour la new wave tandis que le second estime que Deftones est un groupe de metal avant tout, et de ce compromis sont nées les onze pépites de White Pony. « Feiticeira » inaugure l’odyssée avec un son de guitare tout neuf, un jeu de batterie plus léger et un Chino à la voix posée, une entrée en matière qui prépare sobrement aux perles suivantes, à commencer par « Digital Bath » aux envolées puissantes puis « Elite », un des titres les plus violents -et excitants- enregistrés par le quintet. À vrai dire, chaque seconde passée de White Pony attise un peu plus le feu de l’admiration, aussi bien avec « Teenager » initiant la nature des futurs projets du frontman (Team Sleep, Palms, †††) qu’avec la formidable « Passenger » en compagnie de Maynard James Keenan (Tool, A Perfect Circle, Puscifer) qui figure parmi les plus belles pièces de toute la discographie du groupe. Pour beaucoup, White Pony se résume à « Change » ou a « Back To School (Mini Maggit) » sur la réédition (d’ailleurs regretté par Chino qui réfuta l’opération commerciale de Warner Bros.), deux très bons titres pour ne pas les qualifier à tort de « tubes » puisqu’ils sont clairement les plus abordables, ce qui est à la fois compréhensible et fort dommage.

Indépassable, le Poney Blanc galope sans s’arrêter sur la prairie sans fin de l’Élégance, traçant depuis maintenant quatorze ans le chemin des cinq cowboys responsables de sa lancée. Sans réitérer un tel coup de génie, ces derniers parviendront tout de même à tenir leur promesse avec une discographie variée et jamais à côté de la plaque. Du grand art.

Laurent.

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