« Voyage, voyage! Plus loin que la nuit et le jour! » Pardon… Il serait calomnieux de croire que la célèbre chanson de Desireless ait inspiré le thème du quatrième album de Rammstein, car en vrai, Reise, Reise fait référence au crash du Boeing 747 de la Japan Airlines le 12 mars 1985, le plus meurtrier de l’histoire de l’aviation concernant un appareil. C’est tout de suite beaucoup moins drôle mais ça ne surprend guère quand on sait que Till Lindermann (chant) et sa clique adorent titiller l’opinion publique avec des sujets qui fâchent. Après un foetus mort, c’est une boite noire (visuellement orange) qui a l’honneur d’illustrer ce nouveau brûlot de onze pistes, un album révélant des sonorités fraîches, avec toujours plus de mélodies mais encore moins d’éléments indus que sur Mutter (2001). Une nouvelle fois arrangé par Jacob Hellner, le son est plus puissant que jamais, spécialement conçu pour des morceaux au rythme lent.
De la nouveauté? oui. De la puissance? oui. Du chant allemand sensuel? oui. De l’efficacité? ça dépend. Ah… Das ist ein Problem! On parle bien de Rammstein, groupe de metal hyper-populaire père de trois premiers albums qui ont cartonné dans les quatre coins du monde, pourtant? Oui mais que voulez-vous, tous les choix ne font pas l’unanimité. Plus de jolies mélodies pour un nombre réduit de tubes, le pari était risqué, c’est donc sans vraiment se casser la tronche que les six allemands accouchent d’un disque en-dessous des espérances et qui nécessitera plusieurs écoutes afin de pouvoir être sagement digéré. Peu destiné à faire remuer les popotins, Reise, Reise s’écoute volontiers depuis son canapé, à l’heure de la sieste un après-midi de RTT entre un épisode de Derrick et l’émission « Des Chiffres et des Lettres ». Rien d’insultant là-dedans, il n’y a pas de mal à ce qu’un album de metal détende plus qu’il excite, mais en dépit d’une ouverture enchanteresse (« Reise, Reise »), de morceaux aux riffs assassins (« Mein Teil », « Keine Lust ») et du quasi-insupportable tube « Amerika » au sujet plus vrai que nature, peu de détails parviennent à nous tirer de l’ennui, pas même la douce présence de la russe Viktoria Fersh (et non des deux coquines de t.A.T.u, navré de vous décevoir) sur « Moskau ». « Los » se dessine en un blues-indus pompeux, « Stein um Stein » tente de rivaliser en vain avec « Mutter » en matière de semi-ballade épique alors qu' »Ohne Dich » et « Amour » achèvent le tout sur une note mièvre, deux titres non dénués de bonnes intentions romantiques mais qui tiennent plus du remplissage que du message honnête et prenant.
Bilan toujours mitigé dix ans après sa sortie. Les quelques bons moments qu’offre Reise, Reise ne suffisent pas à en faire un album indispensable pour autant. Si la production est parfaite, le bon goût y est moins présent bien qu’on accepte de croire à la sincérité des six musiciens. Rien à ajouter si ce n’est de vous souhaiter une bonne sieste!
Laurent.
Assez d’accord avec toi 6 titres valent le détour c’est pas si mal mais faut vraiment les voir en live car leurs morceaux prennent une autre dimension.