Qu’ils sont pénibles ces amerlocs avec leurs modes à la noix: d’abord le grunge, ensuite le punk à roulettes puis le nü metal. Tout comme la Britpop, ces genres sont arrivés au bon moment afin de se transformer en « tendance », jetant des paillettes aussi bien aux yeux des patrons des maisons de disques qu’aux jeunes ados en pleine crise identitaire. Pour en revenir au néo, l’année 2001 sera sacrée puisqu’elle correspond à la découverte du premier album de Linkin Park, Hybrid Theory, qui va attirer toute l’attention sur lui avec Infest de Papa Roach et Chocolate Starfish… de Limp Bizkit. Pas de bol pour Robb Flynn et sa clique qui sort en octobre 2001 son quatrième bébé dans la lignée du précédent. Qu’on se le dise dans le blanc des yeux (sur un site? il est un peu con ce mec, nan?), aucun album de Machine Head est mauvais. Le virage pris sur The Burning Red fut audacieux et plaisant sur le long terme même s’il n’exprime pas cette puissance caractéristique au groupe. En tout cas efficace, ce troisième opus l’est et c’est la gorge un peu nouée qu’on s’attaque au suivant sorti deux ans plus tard, Supercharger, produit par Johnny K (Disturbed, Soil) et signant le retour de Colin Richardson cette fois-ci uniquement au mixage.
Une nouvelle offrande issue du même line-up dans un registre similaire sans parler toutefois de copie. Car là (Bruni pfffffrt…) où The Burning Red misait sur la compacité, Supercharger joue la carte de la nuance comme à la bonne époque. Une nouvelle qui n’est valable que si les morceaux en valent la chandelle, ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas. J’ai toutefois revu mon jugement durant les nombreuses écoutes précédant la rédaction de cet article, notamment sur le mixage mieux travaillé qui donne une belle ampleur à certains titres lorsqu’on y tend une oreille attentive. « Bulldozer » démarre l’album en force avec un riff simple, suivi de « White-Knuckle Blackout » toujours dans cette optique de simplicité avec un passage rappé en prime. Jusqu’ici tout va bien, mais c’est maintenant au tour de « Crushing Around You » de venir nous emmerder. Je n’ai jamais pu considérer ce titre comme étant un tube en raison de la prestation très moyenne du frontman sur le refrain, il ne représente pas 1/4 du potentiel de cet album et c’est pourtant lui qui va servir de single. Triste affaire quand on trouve un « All In Your Head » sur le chemin qui aurait parfaitement pu faire l’affaire car bien plus nerveux et inventif. Mais inutile de s’attarder sur le sujet puisque nous allons évoquer les deux morceaux qui rendraient Supercharger presque supérieur à son prédécesseur: l’hypnotique « Only The Names », inquiétante et lourde comme on aime et « Blank Generation » qui démarre en douceur pour finir sur une note agressive. C’est vraiment un plaisir d’écouter à chaque fois ces deux titres, bien au-dessus de certains autres qui tiennent plus du remplissage (« Nausea », « Deafening Silence »). Il y a tout de même d’autres morceaux savoureux comme « Kick You Were’re Down », « American High », « Trephination » ou « Supercharger », tous chargés en grosses rythmiques ce qui nous amène à la conclusion suivante: Supercharger manque de tubes de la trempe de « The Blood, The Sweat, The Tears » ou « From This Day » mais démontre dans un autre lieu que néo-metal ne rime pas forcément avec business.
L’album de trop? Non, Robb Flynn retrouve ses marques avec Supercharger tout en innovant, en testant des techniques de chant. Un album qui demande un bon nombre d’écoutes avant d’être apprécié à sa juste valeur. Moins de spontanéité au profit de l’expérimentation, encore une fois c’est une histoire de goût car on ne peut pas prétendre non plus que le groupe ait été à côté de la plaque. Meilleur album non, mais superchargé en adrénaline, oui.
Laurent.
Line-up: Robb Flynn (chant, guitare), Adam Duce (basse), Ahrue Luster (guitare) et Dave McClain (batterie).