À quand remonte la dernière fois où un disque de rock pur, ni punk ni metal ni electro, inspiré sans quelconque prétention des 70’s nous a procuré un immense plaisir d’écoute? Peut-être InnerSpeaker des Australiens de Tame Impala en 2010 avec ses mélodies pop envoûtantes mélangées à une gratte ultra-saturée façon 70’s, bien plus intéressant que la tournure rock dansant des Black Keys sur El Camino (2011). Il faudra attendre quatre longues années avant de tomber par hasard sur une pépite d’un groupe dont l’existence nous a été quelque peu dissimulée, Buffalo Killers, formation originaire de l’Ohio active depuis 2006 dont le nouvel album Heavy Reverie a été produit par la tête pensante des Black Keys, Dan Auerbach.
Après une série d’oeuvres très encrées dans le blues-rock à la Grateful Dead sous la forme d’un trio, Andrew Gabbard (chant, guitare), Zachary Gabbard (basse, chant), Joseph Sebaali (batterie) et le nouveau venu Sven Kahns (guitare, lap steel) décident d’agrémenter leur style avec des mélodies inspirées des 90’s, ou tout simplement en s’éloignant du psychédélisme parfois pompeux de ses premiers travaux. Sans oublier d’où il vient, le groupe ne tombe jamais dans la facilité, se contentant de pondre des tubes sortis des tripes avec deux guitares, une basse et une batterie. La contribution d’Auerbach derrière les manettes ne les a jamais poussé à suivre les traces des Black Keys, même sur Let It Ride (2008) d’où l’intérêt de ne pas céder à la comparaison facile. Si la relative accessibilité des titres qui n’atteignent jamais quatre minutes peut rebuter les fans du gros son du très bon Ohio Grass sorti en 2013, il est certain que les amateurs de bon rock mélodique en terme général trouveront leur bonheur aussi bien avec des tubes presque grunge (« Poison Berry Tide », « Sandbox »), parfois aussi doux que R.E.M (« Cousin Todd », « Shake »), qu’avec des titres plus bluesy (« Dig On In », « Who You Are? »).
Comme tout album de dix titres qui se respecte, Heavy Reverie ne cède jamais au remplissage du haut de sa courte demi-heure. Une écoute incroyablement fluide qui fait tourner cet album dix fois de suite sans jamais provoquer la moindre lassitude. Une putain de galette facile d’accès, sans réelle prise de tête qui nous apporte une lueur d’espoir quant à l’avenir du rock dans sa forme pure.
Laurent.