Triptykon – Melana Chasmata

triptykongenre: dark metal                  ©2014

Pour commencer sans baratin et la jouer carte sur table, le monde du Metal se divise en deux catégories: Triptykon et les autres. Rien d’excessif lorsqu’on a pigé ce qu’avait à nous offrir l’invincible Tom G. Warrior sur Eparistera Daimones, c’est-à-dire un Monotheist (de son ancien groupe Celtic Frost) dont les limites ont encore été poussées pour un résultat bien au-delà des attentes, surpassant n’importe quelle production metal en cette belle année 2010 (ou du moins la quasi-totalité). Il faudra donc patienter quatre ans avant d’affronter Melana Chasmata, le deuxième album toujours produit par le suisse torturé himself et à la pochette réalisée par le peintre surréaliste Hans Giger.

Le ton est donné dès les premières notes de « Tree Of Suffocating Souls »: une musique lourde et sombre à la production terrassante, dans la continuité du chef-d’œuvre précédent. Certains titres ont même été composés juste après la sortie de ce dernier, néanmoins il n’est pas question de parler d’album sans surprises car hormis ce premier titre et « Breathing » évoquant le thrash ravageur de Celtic Frost, Melana Chasmata se veut plus orienté doom à partir de « Altar of Deceit » sans toutefois entacher la patte unique du groupe à savoir manipuler les ambiances pour nous tenir en haleine quel que soit le rythme soutenu. Entre des arpèges bien pensés où s’entremêlent les deux guitares et la voix enchanteresse de Simone Wollenweider, les mélodies vont de pair avec le chant tantôt écorché tantôt ensorcelé du leader se superposant à une basse de dix tonnes comme sur la superbe pièce planante « Boleskine House ». Seulement derrière cette capacité à mêler mélodies et puissance se cache en réalité une souffrance comme rarement un artiste parvient à matérialiser sans perdre en crédibilité. La triplette « Aurorae »/ »Demon Pact »/ »In The Sleep Of Death », aussi magnifique soit-elle dans l’élaboration des mélodies, éteint tout espoir de voir les jours à venir plus joyeux, et pour bien être sûr que l’auditeur ne soit pas détourné d’une forte paranoïa, « Black Snow » enfonce le clou avec douze minutes de doom malsain à la limite du soutenable que « Waiting » ne cherche même pas à faire oublier malgré le retour du lyrisme de Mrs. Wollenweider. Peut-être aurait-on préféré voir ces deux titres inversés pour un final aussi renversant que sur la précédent œuvre, on peut se permettre d’être légèrement tatillon après avoir passé des semaines sous l’emprise de Melana Chasmata.

Moins agressif et surprenant que ne l’a été Eparistera Daimones, cette deuxième offrande est donc naturellement un poil de c** au-dessous mais parvient tout de même grâce à son travail sur les ambiances à mettre six pieds sous terre bien des albums que leurs géniteurs qualifient d’inclassables au détriment de la pureté de composition. Du doom, du gothic, du thrash, Triptykon est bien une des seules formations à mettre tous les horizons d’accord avec un esprit purement anti-commercial, loin de toute production aseptisée pour faire plaisir à tel ou tel public. Nul besoin d’une centaine d’écoutes pour entrer dans ce monde torturé, ainsi personne en 2014 ne devrait remettre en cause le rang de Maître de Tom G. Warrior. Imbattable.

Laurent.

Line up: Tom G. Warrior— vocals, guitar; V. Santura — guitar, vocals; Norman Lonhard — drums, percussion; Vanja Šlajh — bass, backing vocals.

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