L’année 2003 aura vu passer les plus belles sorties nü-metal. Peinant à se renouveler, le genre commence à être boudé à la mi-2002 aussi bien par les médias que par les fans de KoRn et de Deftones qui se perdent dans l’amas de clones. Fort heureusement, pour éviter de faire tomber une belle époque aux oubliettes, presque tous les précurseurs sortent un album qui va marquer les esprits histoire de signer des adieux en beauté: l’album éponyme de Deftones, Take A Look In The Mirror de KoRn, Thirteen Step de A Perfect Circle, Skeletons de Nothingface, We’ve Come For You All d’Anthrax, Shadow Zone de Static-X, Self-Destructive Pattern de Spineshank, Seasons de Sevendust, Transform de Powerman 5000, Faceless de Godsmack, Metafour de Slaves On Dope, sans parler de The Golden Age of Grotesque du sieur Manson qui a fait un véritable carton, contrairement à Limp Bizkit qui se casse complètement la tronche avec Results May Vary, pas franchement pourrave, juste rarement inspiré. Mais les deux événements marquants de 2003 sont surement les sorties simultanées (à deux semaines d’intervalles) du premier album d’Evanescence, Fallen, qui a révélé le « metal à chanteuse » au grand jour et du deuxième album des californiens de Linkin Park, Meteora, qui lui a terrassé toute la concurrence sans difficulté et même son précurseur, le déjà classique Hybrid Theory (2000).
Que peut-on reprocher à un album qui incarne la perfection? D’être parfait? Les nombreuses critiques sur l’album soulignaient un album similaire au premier, ce qui me parait complètement absurde étant donné la qualité de la production signée Don Gilmore -et du mixage d’Andy Wallace- qui a mis l’accent sur les guitares et surtout l’évolution du chant de Chester Bennington, capable d’assurer autant dans les passages pop que dans les hurlements bestiaux. Si le premier disque contenait quelques titres moins mémorables (« With You », « Forgotten ») mais tout de même bons, Meteora ne possède que d’excellents morceaux, tous formatés pour rester encrés dans notre tête jusqu’à la fin des temps. Conscient que « Numb » est un des préférés des fans, je mettrai donc de côté mon déni envers ce tube un peu trop mielleux pour mes oreilles sans trop de difficultés en vue de l’excellence de « Somewhere I Belong », « Easier To Run » ou de l’ultra-hit pop « Breaking The Habit » qui doit tout au couple Bennington/DJ Hahn. On note d’ailleurs une certaine discrétion tout au long de l’album aussi bien de la part de Mike Shinoda (chant rappé) que de DJ Hahn hormis leur travail sur « Nobody’s Listening » et l’instrumental « Session ». Beaucoup ont reproché la prédominance de Chester Bennington mais je trouve qu’il est l’âme de LP, celui qui s’occupe de transformer de simples morceaux metal en gros tubes interplanétaires. Chacun voit midi à sa porte.
Onze ans après, Meteora n’a toujours pas trouvé d’album à sa hauteur en matière de rapcore. Pas grand chose à ajouter si ce n’est que Hybrid Theory et Meteora représentent toujours à l’heure actuelle la vraie nature de Linkin Park, cette alliance sans failles de grosses guitares et de rap avant que l’ambition du groupe ne le plonge dans un univers trop incertain. Plus rien ne sera vraiment pareil. Remercions quand même les six gus de nous avoir vendu tant de rêve et n’oublions jamais ce qu’ils ont apporté à la musique. Big up.
Laurent.
Lineup: Chester Bennington (chant)/Mike Shinoda (chant, clavier)/Mr. Hahn (DJ)/Brad Delson (guitare)/Dave Farrell (basse)/Rob Bourdon (batterie)