Anciennement encrée dans l’ambient, la musique de Belong s’est progressivement imprégnée du noise des Jesus & Mary Chain pour en arriver au shoegazing de Common Era, réparti dans des murs de guitares et une voix réverbée typique du genre. Le duo issu de la Nouvelle-Orléans semble s’être énormément investi dans son oeuvre quand on voit la qualité de celle-ci, parvenant à rendre le noise « propre », digeste et évasif.
Globalement, ça sonne très 80’s notamment à cause de (ou grâce à) la tonalité de la boite à rythme très pop, mais également au niveau des mélodies que le duo manie avec une aisance hors-pair. On craignait une variation du shoegaze de ce type vers un aspect plus moderne, plus clair, moins noisy, mais il n’en est rien, Belong est là pour remettre les pendules à l’heure avec des hymnes tels « Come See » et « Different Heart ». « Keep Still » et « Common Era » rappellent les nappes ambiantes légendaires des irlandais de My Bloody Valentine avec une grosse caisse comme seule repère rythmique, de quoi frissonner pendant un bon moment.
Incroyable ce que réserve le shoegaze, si méprisé des médias et du public en général, mais c’est ce qui fait son charme car réservé à une élite d’auditeurs qui arrivent à déceler dans un « bruit » une once de mélodies toujours imparables. Belong est une valeur sûre, et il est déjà certain que rien ni personne ne pourra les arrêter. Avis aux amateurs.
Le voilà, l’album ultime: le sacre, le monolithe, l’incommensurable et l’intemporel Loveless de My Bloody Valentine, entité qu’on pourrait écouter cinq fois en une journée pendant toute sa vie pendant qu’on tenterait surement en vain d’y déceler tous les mystères de ses sonorités complètement hors du commun.
Grosse polémique chez les médias à sa sortie, Loveless fut un échec commercial -ce fut plus ou moins la volonté de Kevin Shields, le génie du combo- car incompris du public qui vibrait déjà sur les traits plus minimalistes du grunge, du garage et de la new-wave qui sont justement les fondements de ce genre à part qu’est le shoegaze.
3 ans, c’est le temps qu’a consacré MBV à son génie créatif afin que tout soit parfait du début à la fin. Il lui aura fallu un budget de 250 000€ suivi de la ruine de son label Creation Records et de quelques ébats sexuels pour parvenir à ses fins. Et quel final! Le groupe a donné le meilleur de lui-même, si bien que Shields fut en mal d’inspiration par la suite et cessa alors toute activité créative pendant plusieurs années après la sortie de Loveless.
Ces irlandais, inspirés par le noise de Sonic Youth et des Jesus and Mary Chain, et par la pop, ont crées un son inédit sur cet opus. Là où son prédécesseur Isn’t Anything(1988) était encore très encré punk, les murs de son de Loveless générés par les Fender Jaguar du couple Butcher/Shiels ont définitivement classé le quatuor dans le mouvement noisy-pop qui s’opposait aux codes de la musique contemporaine. Les voix se mêlent aux instruments pour former une structure inaudible et en même temps d’une finesse mélodique qu’aucune éloge ne pourrait définir.
A la première écoute, l’auditeur prétend qu’il s’agit du même morceau pendant cinquante minutes, alors qu’en vérité chaque morceau à sa fibre et plus précisément son taux de saturation, du gros son de « Only Shallow », de « Loomer », de « Sometimes » ou de « Soon » aux claviers de « Touched », morceau composé par le batteur qui est ironiquement le seul ne contenant pas de batterie, ou de « Blown a Wish ». Problème réglé après quelques écoutes attentives quand on ne connait pas le genre, qui nous fait rapidement réaliser que la formation est bien plus que du rock alternatif et qu’elle est le signe d’une ère nouvelle.
Ce dernier déluge sonore, que l’on conçoit volontiers comme une des meilleures oeuvres de rock anglais des 90’s, est indispensable à tout contestataire de la musique dite commerciale et/ou accessible. Impossible d’en demander plus, car aucun album tous genres confondus n’est aussi complet en terme d’originalité et de spiritualisme, parce qu’en effet il y’a une âme qui nous imprègne à chaque écoute. Euphorie ou tristesse, ça n’a d’égal, Loveless accompagne n’importe quelle situation, et se permet carrément d’apporter à l’auditeur sensible une raison valable de vivre. Enfin, il est tout simplement le « Nevermind » de l’univers underground avec disons une affection bien moins scolaire que pour le trio de Seattle.
Une bombe atomique dévastatrice qui résonne toujours depuis 1991, et qui a engendré une vague d’artistes manquant rarement d’imagination où aucun album ne ressemble à un autre. Absolument fantastique de tout point de vue, un avènement sonore qui impose un respect jamais voué ailleurs. La perfection même.
A mi-chemin entre les Pixies, My Bloody Valentine et Brian Eno, les Pomegranates ont l’intention de remettre au goût du jour la fibre du rock 90’s. Pari gagné avec ce One of Us qui nous offre un medley de ce qui se faisait le mieux à l’époque.
L’album regorge de petites perles entraînantes en officiant aussi bien dans la pop (le tube « 50’s », « Create Your Own Reality ») que dans l’ambient (« White Fawn », « Perception ») ou le rock alternatif (« Prouncer », « Anywhere you Go », « Demond », « Skull Cakin’), et on a même droit à un duo chant/piano sur la magnifique « Between Two Dreams ». Mention spéciale à la voix de Joey Cook, modulée de manière impressionnante tout au long de l’album.
Je ne pourrais trop vous conseiller de l’écouter, à condition d’aimer l’univers underground, mais je souhaite fort à ces américains d’étendre leur notoriété en Europe.