Stevie Wonder – Songs In The Key Of Life

Genre: R&B/soul            ®1976

Faites place! Notre star du jour répond au nom de Stevie Wonder, il est donc question de se tenir à carreau face à ce parrain du R&B (l’ancien) et de la soul. Avec une tonne d’albums légendaires à son actif, cet aveugle de naissance fait partie des légendes de la musique descendantes de Ray Charles au côté de Marvin Gaye, James Brown, George Clinton ou Aretha Franklin. Et parmi ces oeuvres, il y a ce double album sorti en 1976 dont l’excellence en fait une des meilleures créations musicales des 70’s -opinion difficile du fait de la quantité de chef-d’oeuvre pondu pendant cette décennie- ou du moins le plus gros sacre de Wonder, Songs In The Key Of Life.

Quelle baffe, je vous raconte pas… enfin, il va bien falloir puisque c’est un devoir pour tout amateur de musique de savourer au moins une fois les 1h40 de soul, funk, R&B et autres styles de cet album. Songs In The Key Of Life possède des morceaux repris vint ans plus tard par des rappeurs -« I Wish » transformé en « Wild Wild west »  par Will Smith  en 1999 et « Pastime Paradise » remanié par Coolio en version gangsta rap en 1993- mais c’est surtout la diversité musicale qui frappe. Comment un artiste, avec autant d’influences, arrive-t-il à innover et tenir la route à ce point? Une réponse: Stevie Wonder. Les titres passent comme une lettre à La Poste qu’ils soient d’inspiration gospel (« Love’s In Need Of Love Today », « As », « Ebony Eyes »), funk (« Black Man » et « Sir Duke » qui révèlent l’inspiration première de Jamiroquai, « All day Sucker »), pop (« Have A Talk With God »,  « Village Ghetto Land », la ballade « Joy Inside My Tears ») et même rock progressif (« Confusion » également très funky). Rien de chiant, que du talent, les morceaux sont tous sublimes et c’est un « rockeur » qui vous le dit.

Quatre Grammy Awards dont album de l’année 1976 pour Songs In The Key Of Life. Plus fort que Rocks d’Aerosmith, que Leftoverture de Kansas, que Johnny The Fox de Thin Lizzy, que Rising de Rainbow, que 2112 de Rush, que Destroyer de Kiss, que Hotel California des Eagles, A Day At The Races de Queen ou The Ramones des Ramones.  Ca ne vous fait pas trop mal aux dents? Ils sont tous des chef-d’oeuvre mais cet album a amplement mérité sa place en pôle position. Délicieux et même…orgasmique.

Laurent.

Lenny Kravitz – Mama Said

Genre: néo-soul/funk       ®1991

Bien avant d’officier dans un rock basique plus que plombant, Lenny Kravitz était aussi populaire pour ses belles dreadlocks que pour sens inné à pondre des tubes entre funk, rock et soul, premièrement en tant que compositeur pour Madonna puis pour son propre chef avec le tonitruant et indétrônable Mama Said, son deuxième disque, qu’il a entièrement composé et produit. L’écriture de cet opus s’est déroulée dans une période noire (sans jeu de mots insalubre) pour l’artiste, récemment séparé de sa bien-aimée l’actrice Lisa Bonnet d’où les fortes émotions qui s’en dégagent.

Multi-instrumentiste et compositeur hors-pair, Lenny s’est tout de même bien entouré pour l’écriture de quelques titres phares de Mama Said à savoir Sean Lennon (le fils de…) pour « All I Ever Wanted » et l’ancien guitariste des Guns’N’Roses, Slash, pour le morceau d’ouverture « Fields of Joy », qui commence folk et finit par des gros riffs bien hard et le morceau qui suit, la plus rythmée « Always On the Run » qui n’est pas sans rappeler Marvin Gaye, une des plus grosses influences de Kravitz. C’est pourtant seul qu’il concocte son plus grand succès de tous les temps, la mythique « It Ain’t Over Till It’s Over », diffusée encore en boucle aujourd’hui sur bien des fréquences radio, et pourtant on ne peut s’en lasser! Toujours parmi les incontournables, les slows « Stand By My Woman » et « The Difference Is Why », très touchants de par les mélodies et surtout les thèmes qu’ils abordent, et le final « What The Fuck Are We Saying », le plus long morceau de l’album mais classe du début à la fin avant la petite minute blues de « Butterfly » qui clôt définitivement le chef- d’oeuvre.

Aucun morceau n’est à jeter, pas même les « More Than Anything In This World », « Stop Draggin’ Around » et « Flowers For Zoe », plus conventionnels il est vrai mais pour ma part indispensables à ce disque qui fait la part belle à la diversité. Succédant au grand Let Love Rule (1989), Mama Said constitue avec son prédécesseur la période la plus représentative du talent de l’artiste à mon goût. Lenny parvient tout comme Jamiroquai, à redonner un souffle aussi bien à la funk qu’à la soul, baignées dans un contexte beaucoup plus pop les dix années précédentes. Un des multiples grands albums sortis en 1991 auquel il serait diffamatoire de laisser la moindre trace de poussière s’asseoir dessus.

Laurent.