Genre: Post-punk industriel ® 2010
Le mythe n’est pas mort. Un mythe, oui, Killing Joke en est un, car il fut au début des années 80 le précurseur d’un mouvement, l’industriel, aux côtés des américains de Ministry. A l’époque la musique de ce groupe, mené par l’immortel Jaz Coleman, était diffusé dans les boîtes de nuit du monde entier, jusqu’à ce que le groupe prenne un virage métal au milieu des 90’s avec Pandemonium (1994) devenu une référence du genre.
2010. Absolute Dissent est dans les bacs, et il y a comme une impression que l’album nous tend les bras pour nous montrer ce qu’est le Killing Joke d’aujourd’hui, en espérant qu’il propose autre chose qu’un Hosannas from the Basements of Hell (2007) un peu terne mais qui renouait avec les ambiances sombres des débuts.
Et c’est plutôt bien parti: le morceau éponyme qui ouvre l’album est une excellente mise en bouche: retour au post-punk, avec un Jaz Coleman qui alterne son timbre si reconnaissable entre chant clair et rugueux. Le son est toujours aussi cru mais les riffs de Geordie Walker sont mélodiques, et la rythmique est entraînante grâce à son charleston typique du punk. Le refrain est mémorable grâce à la présence du frontman en pleine forme.
Et il n y aura pas vraiment de faux-pas décisif en écoutant « Absolute Dissent », car on sent que Coleman a donné du sien pour nous pondre de futurs hymnes. Sur quelques titres, le chanteur utilise une reverb’ sur-dimensionnée, donnant l’impression qu’un stade de foot rempli de fans l’accompagne dans ses refrains (« The Great Cull », « In Excelsis », « This World Hell »). L’ensemble se veut plus mélodique qu’à l’accoutumée, plus accessible aussi avec « European Super State » et sa pop-new-wave qui nous replonge dans l’époque Night Time (1985) et « The Raven King », le morceau le plus long, auquel on reprochera néanmoins une facilité un peu trop évidente, digne des pires morceau de U2.
Mais peut importe, car l’album se termine sur quatre morceaux de qualité: le tranquille « Honour The Fire » et sa batterie lancinante va également marquer les esprits, ainsi que « Depthcharge » où Mr. Coleman hurle sur le morceau le plus indus de l’album. « Here Comes the Singularity » est un titre dansant, on s’en voudrait presque de rester planter sur notre chaise à tenter de déficeler les qualités techniques de la galette. Et c’est sur un morceau plutôt original que se termine Absolute Dissent: le duo basse-batterie laisserait présager une compo reggae, alors que le clavier et Coleman sont toujours fidèles à eux-même; on appréciera que plus cette prise de risque.
Il n’y a donc aucun regret quant à la procuration de l’engin, on a affaire à un bon album d’ambiance, même si on leur en voudra pour les quelques passages un peu trop cliché « pop », qui ne réduiront que légèrement notre appréciation. Moins sombre mais plus énergique que son prédécesseur, Absolute Dissent prouve que les anglais ont encore leur mot à dire.
7,5/10
Laurent.