On n’avait pas connu pareilles sensations depuis le split de Faith No More en 1997. Sans parler du premier System faute d’une prod’ loin d’être extraordinaire mais qui a su faire parler de lui en particulier Outre-Atlantique, aucun groupe n’avait réussi à prendre la relève de l’ancien groupe de Mike Patton dont la recette schizophrénique a marqué l’histoire du métal. Mais en 2001, alors que les radios diffusent en continuité Hybrid Theory de Linkin Park, et qu’une tripotée de jeunes groupes issus de l’école « Korn & Deftones » (et Fear Factory) explosent les charts, les quatre arméniens, cette fois épaulés par la référence Rick Rubin, balancent Toxicity à la face du monde, et à ce moment, c’est la baffe. LA grosse baffe.
Quel son énorme, pourtant loin de la déferlante sept cordes de son époque. En pleine forme, le quatuor a pondu un album aux titres suffisamment courts pour en faire des tubes potentiels, mais c’est davantage leur contenu que leur format qui nous intéresse à cet instant. Entre nervosité et détente, impossible de s’ennuyer une seconde. Jamais de morceaux comme Chop Suey! n’avaient alterné passages enragés et breaks atmosphériques avec autant de classe et d’ingéniosité. Innovant, le style des System se veut inclassable malgré l’étiquette néo qu’on lui colle pour le gros son et l’absence de solos. Mais les influences orientales sont plus présentes, et c’est clair qu’en savourant les perles que sont « Toxicity », « Needles », « Psycho » et le final « Aerials », un des plus beau titres de la formation à ce jour, on ne peut que confirmer le statut de groupe culte.
Unique en son genre, Toxicity marque un nouveau départ pour Malakian et sa bande, ainsi que pour bien des groupes qui ne lui arriveront même pas à la cheville, si ce n’est les excellents Psykup dans notre beau pays. Devenu une référence, l’album procure toujours autant de plaisir dix ans après, comme si rien ni personne n’avait pu renouveller l’expérience avec autant de feeling et de professionnalisme. Un gros carton, un grand album, un grand groupe, et surtout un grand merci.
Laurent.