Tokio Hotel – Schrei

Genre:  soupe de poireaux      ®2005

Vous connaissez peut-être la différence entre une poupée Barbie et le groupe Tokio Hotel? L’un n’existe que pour satisfaire un public féminin allant de 1 à 16 ans, l’autre est un jouet. Ooooh,qu’il est méchant! C’est vrai que là, on y va un peu fort, car à la différence d’un Justin Bieber, les allemands de Tokio Hotel jouent du rock. Un argument de haut-de-gamme pour un groupe haut-de-gamme, la chronique pourrait s’arrêter ici, ce qui nous permettrait de passer à un sujet plus dans nos cordes. Sauf que le problème, c’est que les Tokio Hotel jouent un peu trop sur leur image de jeunes rockeurs et n’ont apparement pas compris que la clef du succès sur le long terme vient du talent. Des groupes comme Silverchair et plus tard Slitheryn ont sorti leurs premiers albums dans la même tranche d’âge et on su se démarquer en proposant un rock/métal sérieux et modeste mais surement pas assez bon marché, et c’est pourtant ce genre de musique qu’on aime.

Alors, qu’est-ce qui pourrait bien nous amener à penser que Tokio Hotel n’est pas un des groupes les plus ridicules de ces dix dernières années? Le chanteur, Bill, à la voix aussi androgyne que son look? Non, heureusement pour lui, David Bowie et Brian Molko (Placebo) nous ont longtemps habitué à ça, en revanche il y a un problème qui va au-delà de l’image: le son. Ah… What’s up? Pour avoir écouté l’intégralité de la discographie des jeunes Allemands (un groupe pareil ne vieillit jamais), Schrei est loin d’être le plus caricatural -alors qu’il l’est déjà pas mal- mais comme premier album pour se démarquer, ce n’est pas vraiment la bonne démarche. Au risque de vous faire faire les gros yeux, il y avait un point de lumière lorsque que ce groupe est apparu dans ma télé: le titre « Schrei » ouvrant l’album qui, en oubliant un peu le nom de ses papas, offre un petit morceau rock digne de ce nom. Le riff est là, le refrain est là, pas de quoi faire frissonner mais le titre divertit et on n’en demande pas plus d’un groupe émergent. Après, c’est la purée qui fait déborder le saladier! « Durch Den Monsun », annoncé comme second single, est plus difficilement digeste malgré les petites mélodies de guitares. Bill irrite et ne sait pas faire dans la sensualité, et ce n’est pas une question d’âge puisque même l’album de Jordy arrive à me procurer quelque chose. Un jour peut-être aura-t-il la prestance d’un Till Lindemann (Rammstein) ou d’un Dero (Oomph!), qui sait?

Je pense qu’en dehors de ces deux exemples, peu d’entre vous vont s’intéresser à ce qu’il se passe par la suite. Allez, petit effort pour résumer: Schrei décèle un rock’n’roll qui ne sent ni l’alcool ni la clope mais plutôt le parfum Hello Kitty et les hormones de minette en rut. Pour notre plus grand bonheur, Tokio Hotel emboîte le pas à leurs compatriotes de Killerpilze, Nevada Tan et j’en passe. D’ailleurs, ils deviennent quoi tous ces groupes, aujourd’hui? …allô? Pas de réponse? alllôôô?!

Laurent.

Justin Bieber – My World

  Genre: R’n’b/pop               ®2009

Jusqu’il y a cinq ans, Internet ne permettait pas forcément à quiconque souhaitant se faire connaître d’arriver à ses fins. Les grands sites de streaming comme Youtube étant tout justes populaires, la télévision avait encore le dernier mot. En France, c’est en 2007 que le campagnard Kamini rencontre un succès flamboyant avec son hit fait maison « Marly-Gomont », vu par des millions d’internautes et ensuite relayé par les médias.

L’histoire de Justin Bieber est légèrement différente. Le gamin s’en est sorti seul, non comme si maman avait fait un enregistrement vidéo d’un concours de chant local et l’avait balancée sur Youtube. Le petit Justin atteint rapidement une notoriété en donnant des coups de mèche au patron d’Island Records, qui va lui faire rencontrer le rappeur Usher sous le coup de la pression . Sa carrière est lancée, et My World est la première moitié du chef-d’oeuvre de ce petit prodige.

Quinze ans et déjà autant de talent… Parlons un peu de la pochette: contre toute attente, notre ami se présente la joue tendue en attendant sobrement une baffe sur un arrière-plan volontairement indiscernable pour se focaliser sur ces lèvres pulpeuses, photo qu’il aura préféré à la chaine en or ou à la feuille de chanvre. Son beau pull noir révèle quelque peu une volonté d’être déjà adulte, soit une maturité qui se ressent surtout dans sa musique. Une voix sensuelle rarement entendue dans le R’N’B popisant, et un sens de la musicalité qui dépasse même celui du dieu Mickael Jackson. Le premier single paru « One Time » est une vraie tuerie, avec ses « hey » qui changent des habituels « yo » ou « ho ». Les beats électroniques n’ont rien d’originaux mais on ne demande pas à un tel artiste de faire quelque chose de différent, on lui demande de faire ce qui plait à ceux qui n’ont rien à écouter et ce n’est pas plus mal quand on voit l’excellent résultat. Le duo avec Usher « First Dance » est à tomber par terre, ainsi que « Common Denominator », morceau idéal pour accompagner une « remise en place de mèche », geste très courant dans le XVIè arrondissement de Paris par exemple.

Un vrai talent, devenu l’icône de toute une génération, Justin Bieber se fera même descendre dans les Experts pour que nous, fans, réalisons à quel point nous l’aimons. Une révolution musicale qui permettra surtout à tous les artistes du monde de passer pour des dieux vivants. Merci, Justin.

Laurent.

Colonel Reyel – Au Rapport

Genre: dancehall                ®2011

Encore un gradé dans le vaste monde de la musique. Après le respectable Sergent Garcia et l’Admiral T. qui est une référence du reggae-dancehall gwada, voilà que débarque en 2010 le Colonel Reyel, certes destiné à un public particulier mais mon éclectisme est tel qu’il faut parfois se tenir au jus des « tubes » du moment. En vrai, ce genre attirait l’attention dans les années 90 avec les albums cultes de Raggasonic et les Neg’ Marrons qui assuraient en terme de mélodies qui restent agréablement dans le crâne, surement parce que l’électronique n’était pas encore la solution pour pondre des cargaisons de hits potentiels. Aujourd’hui, il suffit d’aller piocher un beat chez nos amis les ricains et de poser un chant francophone façon r’n’b lover pour devenir une star. Mais faut-il en vouloir au public de permettre à ce genre d’artistes de perdurer? Absolument pas, il s’agirait plutôt de pointer du doigt les grosses firmes incompétentes qui ne choisissent plus les artistes pour leur talent mais pour leur incapacité à penser par eux-même, à prendre des risques pour essayer d’innover et de faire avancer le schmilblick. Sur ces bonnes paroles, revenons au « Rapport » notre Colonel chéri…

…Mais un rapport de quoi, sinon? Que l’avortement, c’est pas bien (« Aurélie)? Que les flirts sont systématiquement synonymes de prises de tête (« Comme les autres »)? Peut-être que l’on se sent concerné par de pareils textes avant l’âge adulte, mais à 26 piges, M. Reyel, il y a un cap sérieux à franchir. Si chez d’autres artistes, les paroles sont aussi inintéressantes que ça (Steven Tyler d’Aerosmith évoque dans ses paroles, souvent par le biais de la subtilité, son engin et ce qu’il en fait avec les femmes), la musicalité est si bonne qu’on ne peut passer qu’outre et finalement se prendre à la calomnie. Mais dans le cas d’individu comme Reyel, l’indigestion est à son comble. Bien des artistes francophones au talent certain comme Dyonisos, Dolly ou Astonvilla n’ont vu leur carrière ne décoller que le temps d’un album puis basta, les médias se sont accaparés les mièvreries pop ultra-prévisibles et dancehall pour jouer sur la naîveté des modes. Pathétique.

Voilà donc où se situe Au Rapport, quelque part entre l’insupportable et le pitoyable. La pauvreté des textes n’excuse même pas une absence profonde de recherche instrumentale, c’est profondément chiant et j’espère fortement que les médias vont comprendre d’ici quelques années que pour faire un max de bénéfices, il faut intéresser TOUT LE MONDE (Michael Jackson l’a fait… pourquoi pas quelqu’un d’autre?) et non chercher à flairer quelconque mode pour tenter d’en devenir le porte-parole. De la musique, bordel, on veut de la MUSIQUE!

Laurent.