Seattle, 1991. Trois groupes sortent quasiment dans la même période un album qui posera les bases du courant alternatif à venir: Nirvana nous balance son Nevermind en pleine face, Pearl Jam avec Ten apporte un côté pro au mouvement et Soundgarden tente de caler Badmotorfinger entre ces deux derniers monstres. Une chose est sûre, c’est à Nirvana que l’on doit tout, ce trio qui mettra Seattle sur un piédestal après la mort de Cobain, car il est certain que le groupe faisait malgré lui de l’ombre à ses congénères, ceci même avec la diffusion de clips sur une certaine chaine musicale bien triste depuis quelques années.
Après deux albums nominés aux Grammy Awards, mais toujours inconnus du grand public, la bande à Cornell sort ce qui sera son premier vrai succès: le mutli-platiné Badmotorfinger, qui est également son album le plus rentre-dedans, à la limite du métal. La production est signée Terry Date, qui offre un son lourd mais précis à la guitare, une basse cinglante et un son de batterie souple. La voix de Cornell, puissante est-elle, ne sera jamais trop en avant.
Cette production pas excellente mais juste propre n’empêchera pas le groupe de nous faire part de sa créativité avec des bombes atomiques que sont « Rusty Cage » et son riff unique -n’oublions pas de dire que Kim Thayil était un tueur à l’époque- et un chanteur déchainé aux effets innovants, « Jesus Christ Pose » et sa rapidité fulgurante qui dû en a faire slamer plus d’un ou la lourde « Outshined » portée par un Cornell qui module son timbre comme nul autre (sauf peut-être Eddie Vedder, coïncidence?)
Dans son ensemble le reste de l’album homogène, car même si deux-trois titres seulement sont plus rapides que d’autres (il s’agit quand même du plus rentre-dedans!) à l’instar de la punk-hard « Face Pollution », aucun morceau ne vient casser le rythme, même pas « Somewhere » (quoique…) avec son côté très pearljamien. « Room a Thousand Years Wide » est la plus incisive, pourquoi elle plus que les autres d’ailleurs, m’enfin il n y a pas de quoi faire un caca nerveux pour si peu, car n’importe quel bonhomme au pantalon troué et à la chemise de bûcheron en a pour son compte: Soundgarden fait du hard soft, intense mais pas vraiment violent, un album vraiment important que beaucoup d’artistes prendront en compte à la fin des 90’s.
En conclusion, il est peut-être moins varié que le sacre Superunknow, mais la fourgue post-adolescente était encore là, et elle nous donnerait presque envie de ressortir tout cet équipement qui faisait de nous des sales petits gosses. Culte.
Laurent.