Les Smashing Pumpkins, menés par l’exécrable Billy Corgan, ont longtemps été considéré comme la réponse illinoise à la vague grunge de Seattle. Un son légèrement crado avec une puissance de feu qui oscille entre rock alternatif et riffs métalliques comme l’avait si bien mis en oeuvre Gish (1991). Mais s’il fallait citer l’album qui lança la carrière des « citrouilles-qui-tabassent », ce serait indéniablement Siamese Dream, sur lequel apparaît les premiers tubes du quatuor, même si pour d’autres la magie n’a opéré qu’à partir de la sortie du clip de « Bullet With Butterfly Wings » issu Mellon Collie…And The Infinite Sadness en 1995.
La tête qu’a du tirer Billy Corgan quand Nicole Fiorentino, l’actuelle bassiste, lui a appris en 2011 qu’elle est la fillette de gauche sur la pochette. À l’époque, c’était la sexy D’Arcy Wretzky qui occupe ce poste, entourée des talentueux James Iha (guitare) et Jimmy Chamberlin (batterie) qui n’ont hélas pas leur mot à dire pendant les sessions d’enregistrement, subissant la mégalomanie d’un Corgan qui se permet d’enregistrer pratiquement toutes les pistes de guitare et de basse sans le consentement de ses compères. Néanmoins le résultat a donné naissance à une perle du rock dont la production assurée par Butch Vig (Nirvana, Sonic Youth) est toujours autant d’actualité. Inspiré par le shoegaze de My Bloody Valentine, Corgan multiplie les couches de guitares pour pondre des titres percutants comme « Cherub Rock », « Today » ou « Geek U.S.A ». En pleine dépression, le tyran compose également seul dans son coin avec sa guitare les titres « Spaceboy » et « Sweet Sweet » ainsi que « Disarm » sur lequel il ajoute un tas d’orchestration qui en font un des titres les plus épiques de l’album. « Soma » et « Mayonaise », coécrites avec James Iha, font quand à eux partie des plus beaux morceaux jamais enregistrés par les SP aussi bien dans leur construction que pour ces mélodies inventives et sincères.
S’il faut attendre Mellon Collie…And The Infinite Sadness pour parler de magie, Siamese Dream n’en reste pas moins un chef-d’oeuvre qui a su convaincre par sa dose d’émotions et sa légèreté. La machine est lancée, rien n’arrête sir Corgan qui, même s’il a tout pour être détesté, reste l’un des musiciens les plus prolifiques et ingénieux de cette magnifique décennie que sont les 90’s.
Laurent.