Smashing Pumpkins – Siamese Dream

SmashingPumpkins-SiameseDreamgenre: grunge                      ©1993

Les Smashing Pumpkins, menés par l’exécrable Billy Corgan, ont longtemps été considéré comme la réponse illinoise à la vague grunge de Seattle. Un son légèrement crado avec une puissance de feu qui oscille entre rock alternatif et riffs métalliques comme l’avait si bien mis en oeuvre Gish (1991). Mais s’il fallait citer l’album qui lança la carrière des « citrouilles-qui-tabassent », ce serait indéniablement Siamese Dream, sur lequel apparaît les premiers tubes du quatuor, même si pour d’autres la magie n’a opéré qu’à partir de la sortie du clip de « Bullet With Butterfly Wings » issu Mellon Collie…And The Infinite Sadness en 1995. 

La tête qu’a du tirer Billy Corgan quand Nicole Fiorentino, l’actuelle bassiste, lui a appris en 2011 qu’elle est la fillette de gauche sur la pochette. À l’époque, c’était la sexy D’Arcy Wretzky qui occupe ce poste, entourée des talentueux James Iha (guitare) et Jimmy Chamberlin (batterie) qui n’ont hélas pas leur mot à dire pendant les sessions d’enregistrement, subissant la mégalomanie d’un Corgan qui se permet d’enregistrer pratiquement toutes les pistes de guitare et de basse sans le consentement de ses compères. Néanmoins le résultat a donné naissance à une perle du rock dont la production assurée par Butch Vig (Nirvana, Sonic Youth) est toujours autant d’actualité. Inspiré par le shoegaze de My Bloody Valentine, Corgan multiplie les couches de guitares pour pondre des titres percutants comme « Cherub Rock », « Today » ou « Geek U.S.A ». En pleine dépression, le tyran compose également seul dans son coin avec sa guitare les titres « Spaceboy » et « Sweet Sweet » ainsi que « Disarm » sur lequel il ajoute un tas d’orchestration qui en font un des titres les plus épiques de l’album. « Soma » et « Mayonaise », coécrites avec James Iha, font quand à eux partie des plus beaux morceaux jamais enregistrés par les SP aussi bien dans leur construction que pour ces mélodies inventives et sincères.

S’il faut attendre Mellon Collie…And The Infinite Sadness pour parler de magie, Siamese Dream n’en reste pas moins un chef-d’oeuvre qui a su convaincre par sa dose d’émotions et sa légèreté. La machine est lancée, rien n’arrête sir Corgan qui, même s’il a tout pour être détesté, reste l’un des musiciens les plus prolifiques et ingénieux de cette magnifique décennie que sont les 90’s.

Laurent.

Stone Temple Pilots – Purple

Genre: grunge/hard rock      ®1994

Chauds comme la braise suite aux chiffres de vente resplendissants de leur premier bébé Core (1992), les californiens de STP ne tardent pas à lui pondre un successeur qui s’annonce moins grunge et plus encré hard rock traditionnel. Fini les gros clin d’oeil à Seattle, le groupe, outre les problèmes de drogue de son frontman, a pris le temps d’exploiter davantage sa marque de fabrique qu’est le savoureux mélange de folk, de psychédélique et de rock alternatif qu’on lui connait aujourd’hui pour envoyer ce qu’il a de mieux à nous proposer sur Purple.

Moins linéaire que son prédécesseur, efficacement produit par Brendan O’Brien (Pearl Jam, RATM, Incubus)  et mieux mixé au niveau des instruments notamment pour ce qui est de la reverb de la Gibson et du grondement de la basse ce qui offre donc un son moins crado qui laisse place à une ribambelle de mélodies plus efficaces les unes que les autres, et ce sans jamais tomber dans quelconque mièvrerie innocente. Et en prime, on a le droit à une pochette à la fois bon enfant et colorée de manière à captiver l’auditeur/lecteur pendant une bonne partie de l’écoute.

Le morceau « Vasoline » qui fit office de premier single avait placé la barre très haut quant à la tournure musicale du groupe, avec son riff simple mais si mémorable, et son refrain où le timbre de Weiland fait mouche. Véritable machine à hits, Purple regorge de perles inoubliables comme « Interstate Love Song » et son jeu de basse tonitruant, l’écrasante « Silvergun Superman » assez proche de l’époque Core, les tranquilles « Still Remains » et « Big Empty » ou la fusée « Unglued » et son esprit punk très nirvanesque.

Une évolution remarquable de la part du groupe, qui malgré les annulations de plus en plus fréquentes des tournées promos, marquera les esprits en bonne et due forme. Peut-être sa meilleure offrande si l’on considère que Core ou que Tiny Music… (1996) n’ont pas le mérite d’être aussi complet au niveau de la qualité des compositions. A posséder.

Laurent.

Nirvana – In Utero

Genre: grunge                     ®1993

Tiens, tiens… En deux ans d’activité, nous n’avons pas encore eu l’occasion de parler du groupe le plus influent des années 90, celui que certains idolâtrent tandis que d’autres l’ont toujours trouvé surestimé. Il est vrai que la presse a toujours mis l’intouchable Nevermind (1991) au premier plan alors que Pearl Jam et Soundgarden ont sorti la même année les extraordinaires Ten et Badmotorfinger. De ce fait, cette pseudo-frustration me pousse à ne présenter que l’ultime album studio de Nirvana, In Utero, la réponse ultra-sincère de Kurt Cobain face au succès inassumé du deuxième album. Moins pop que ce dernier mais plus accessible et travaillé que Bleach, In Utero se veut plus intimiste aussi suite aux différents problèmes du frontman avec la drogue et la justice.

Produit par Steve Albini (Slint, Pixies), ce troisième opus enregistré en une semaine aux studios Pachyderm écope d’un son énorme, beaucoup plus crade et grungy. Volontairement moins promu à la demande du trio, In Utero, distribué par Geffen Records, obtient malgré tout un succès considérable grâce à une bonne pelleté de « tubes » formatés malgré eux pour la radio. « Heart Shaped Box » n’a décidément rien à voir avec « In Bloom » ou « Come As You Are » mais l’hymne est bien là tout comme « Dumb » rappelle qu’on aime aussi Nirvana pour ses ballades simples mais mémorables. Les quatre accords de « Rape Me » en font l’un des morceaux les plus percutants notamment son sujet qui traiterait (affaire encore floue) d’un viol où le violeur aurait marmonné la chanson « Polly » à la victime, tout comme les infusions de « Pennyroyal Tea » si chères à Cobain évoquées dans un morceau au refrain difficilement oubliable. Une chose à ne pas omettre, les racines punk sont toujours là avec les explosives « Very Ape » et « Tourette’s » en totale contraddiction avec « Scentless Apprentice » sur laquelle l’infatigable Dave Grohl a participé pour la première fois à l’écriture d’un des morceaux les plus lourds du trio de Seattle. L’album se conclut sur ce qui est pour moi le plus beau morceau de toute leur discographie, la semi-ballade « All Apologies », nominée aux Grammy Awards en 1995.

Plus investi que jamais, Krist Novoselic, Dave Grohl et Kurt Cobain accouchent d’un disque plus discret qui reste à ce jour mon préféré. Son statut d’album testament le place en chef de file d’un mouvement court de cinq années mais qui a marqué l’histoire du rock au fer rouge. Moins révolutionnaire mais incontestablement mythique.

Laurent.