Comment aborder Innuendo sans un instant penser qu’il s’agit du testament d’un des plus grands groupes de rock que la Terre ait connu. Réalisé dans des conditions qui ne laissent personne connaissant le triste sort qui était réservé à Freddy Mercury à cette époque de marbre, cet ultime assaut réunit tout ce que le groupe n’a pu (ou pas voulu) donner depuis l’excellence de Jazz (1978), que même le culte A Kind Of Magic (1986) ne saurait faire oublier à quel point les années 70 étaient bel et bien l’âge d’Or des Britanniques.
Le problème avec de tels albums, c’est qu’on peut difficilement prendre les morceaux au cas-par-cas. Innuendo est, à l’instar de A Night At The Opera (1975) et News Of The World (1977), une entité à part entière, cette fois-ci imbibée d’une mélancolie dont on en connaît tristement le secret. Que dire si ce n’est que le groupe y a mis toutes ses forces pour renouer au mieux avec l’aspect théâtral qui nous en a rendu amoureux. Du début à la fin, l’inoubliable Freddy Mercury nous enchante de sa voix merveilleuse mais qui n’aurait pas tant d’ampleur (quoique) sans les solis aussi simples qu’irrésistibles de May. Pour faire simple, jugez vous-même avec « Innuendo » ou « The Show Must Go On », respectivement premier et dernier morceaux qui résument parfaitement ce à quoi on s’attend à l’écoute de ce chef-d’oeuvre, mais ce serait rater des ballades à tomber comme « Don’t Try So Hard » ou le gros hard de « Headlong » ou « The Hitman ».
On arrive finalement à dire deux ou trois choses sans vraiment réussir à entrer dans le concret, car le groupe Queen ne faisait pas du rock, il contrôlait
le rock pour lui faire dire tout et n’importe quoi, ce qui n’a certes pas toujours été fructuant avec les désastreux Flash Gordon (1980) et Hot Space (1982) mais ce ne sont que de minces histoires comparé à la splendeur de la discographie. Le 23 novembre 1991, Freddy Mercury succombe à ce fléau qu’est le SIDA, âgé seulement de 45 ans pour presque vingt années de carrière. Plus rien ne sera jamais pareil pour le groupe, même l’honorable duo avec Paul Rodgers n’est parvenu à faire oublier ô combien Mercury incarnait le pilier de Queen, mais grâce à des albums comme Innuendo, ce n’est pas demain la veille que notre amour pour eux s’éteindra. Allez, ne lésinez pas sur les mouchoirs, et prenez-vous en plein la tronche. Magique.
Laurent.