Ce n’est un secret pour personne: depuis Seasons in the Abyss, la voie entreprise par l’un des plus violents et réputés groupes de thrash metal, Slayer, ne fait guère l’unanimité. Bien que Divine Intervention tenta de continuer dans cette brutalité tout en y incorporant un son plus heavy et moderne de manière exemplaire, c’est à partir de Diabolus in Musica que les choses se gâtent: le monde du Métal est surpris, de la mauvaise comme de la bonne manière, par le choix de Slayer de sonner « néo ». Sans Lombardo, exit les rythmes effrénés qui font saliver, et place à une rage (molle…) plus imprégnée du Hardcore. On aime ou on déteste.
Trois ans plus tard paraît l’album qui annonce un retour à la brutalité d’antan tout en suivant la voie tracée par Diabolus in Musica, God Hates Us All. Ce dernier marque la fin d’une collaboration de plus de quinze ans avec le producteur Rick Rubin, qui cède la place au moins connu Matt Hyde (Hatebreed, Sum 41) afin de laisser libre cours au guitariste fou Kerry King de composer la quasi-totalité de cet opus, et sera le dernier en compagnie de Paul Bostaph (ex-Forbidden, Testament) derrière les fûts.
A première vue, on pourrait reprocher à God Hates Us All de sonner comme son prédécesseur: des riffs parfois très heavy (« Exile », « Bloodline »), un arrière-goût de hardcore (« New Faith », « Payback ») et une approche presque néo-métallique parfois (« Threshold », « Deviance »). Slayer s’osbtine en effet à s’éloigner de ce qui a fait son succès, néanmoins il y a tout de même ce plus qui fait de God Hates Us All un vrai album de Slayer: la brutalité, beaucoup moins palpable sur Diabolus in Musica. Non seulement la production envoie du bois, mais les musiciens également, qui assènent l’auditeur de riffs de guitares droppés en B pour un son toujours plus lourd avec ce chant parfois pénible mais si typique de Tom Araya, dont la basse ne cessera quant à elle d’être autant en retrait. On se plaît à en prendre autant dans les oreilles avec des titres aussi rageurs que « War Zone » ou le fameux « Disciple », nommé aux Grammy Awards en 2002 même si bien entendu, rien ne nous exalte autant que ce que Slayer a pu faire jusque Seasons in the Abyss.
Décidément, le Big Four of Thrash n’aura cessé d’en surprendre plus d’un durant cette décennie des 90’s, que l’on peut étirer jusqu’en 2001-2002. Sans sonner aussi néo qu’il n’y paraît au bout de plusieurs écoutes, God Hates Us All est un concentré de violence qui n’a d’autre but que de faire headbanguer. Le succès ne répondra pas en revanche dans l’immédiat, car l’album sortit un certain 11 septembre 2001, le monde étant alors plongé dans d’autres préoccupations bien plus dévastatrices que ce huitième album studio. Il constitue néanmoins le cru le plus intéressant de cette période post-Seasons, non loin devant un Christ Illusion très classique mais peut-être pas aussi inspiré.
Bref, God Hates Us All est un bon album de Slayer.
Laurent.