Slayer – Diabolus In Musica

Slayer-DiabolusInMusica

genre: néo-thrash                ©1998

Nous sommes en 1998 et le thrash metal est visiblement considéré comme étant démodé par les groupes qui ont contribué à sa popularité: Metallica fait du rock de motard, Megadeth fait n’importe quoi, Anthrax se familiarise avec le néo-metal sans trop choquer tandis que Slayer se familiarise avec le néo en prenant tout le monde de court. Adaptation intéressante pour une poignée de fans, grosse pilule du siècle pour la majorité, à vrai dire Diabolus In Musica est l’album polémique des Californiens, celui qui tua le mythe de la discographie quasi-parfaite (Divine Intervention commençait déjà à faire des mécontents) et de la suprématie de Slayer.

Voyant le thrash se faire balayer par le groove de Pantera et le son pachydermique de KoRn, la bande de Kerry King se met en tête de faire la nique à tous ces groupes qui font mal au Metal en lui injectant cette saleté de rap. Erreur fatale. Qualifié d’expérimental, ce huitième album toujours produit par Rick Rubin est en vrai une vision mal exploitée du monde contemporain. Le groupe a compris que la lourdeur a pris le pied sur la vitesse depuis quelques années, mais les influences hardcore qu’il s’est insufflé ne suffisent pourtant pas à faire monter la sauce -ouais, c’est dégueulasse mais pas d’autre illustration en tête- car malgré toute cette volonté de balancer une violence habituelle à la face de l’auditeur, l’inspiration a bel et bien quitté le navire, enfermant le mythe dans un flux de plans ennuyeux à mourir, sans aucun riff mémorable ni même de morceau fédérateur tout simplement. En tant que gros fan de metal 90’s, je ne retiens absolument rien de cet album mis à part « Stain Of Mind » qui se rapproche de ce que font les premiers clones de KoRn. Pour continuer dans le rechignement, la production est bien trop légère pour le style, pour ne pas dire complètement à côté de la plaque. Faire exploser les enceintes n’étant pas le but de Diabolus In Musica, mais quel est-il donc? Pas de réponse, pas de considération…

Que de méchanceté envers cet effort, visiblement l’ouverture d’esprit n’est pas un trait marquant de votre humble serviteur. Non sérieusement, les reconversions sont toujours les bienvenues à condition qu’elles aient un intérêt particulier. Si Slayer a tenté de montrer qui était le papa, il a montré ses burnes sans avoir pris le temps de les poser sur la table. Plus de peur que de fascination, forcément tout ça donne envie d’aller voir ce qu’il se passe ailleurs. Heureusement que le groupe ne s’est cassé la gueule qu’une fois, je peux donc fermer les yeux et faire comme s’il ne s’était rien passé cette année-là. Tout est tellement plus simple quand on fait preuve de mauvaise foi.

Laurent.

Line-up: Tom Araya (chant/basse), Kerry King (guitare), Jeff Hanneman (guitare) et Paul Bostaph (batterie)

Slayer – Hell Awaits

303_slayer_hell_awaits

genre: thrash metal              ©1985

L’année 1985 est marquée par les premiers albums de formations majeures du thrash metal issues des quatre coins du globe comme Megadeth, Exodus, Dark Angel et Overkill aux States, Kreator et Destruction en Allemagne ou Sepultura au Brésil. En ce qui concerne Slayer, l’ep Haunting The Chapel ayant posé les fondations de ce son typique, plus rien désormais ne pouvait stopper le groupe le plus violent du monde. C’est du moins ce qu’ils vont prouver aux metalheads avec leur deuxième album Hell Awaits, le plus sombre et progressif de leur incroyable discographie.

Une fois de plus enregistré à Hollywood aux côtés de Brian Slagel, Hell Awaits écope d’une production qui a peut-être mal vieilli en raison du mixage des guitares assez âpre, mais la mise en avant de la basse apporte une toute autre saveur aux morceaux de Slayer, une sorte de groove qu’on ne retrouvera jamais sur les futurs albums. La réverb sur la voix d’Araya ajoute davantage de tourments à l’auditeur déjà emprisonné au milieu de ce raz-de-marée de riffs à couper le souffle. Le groupe repousse encore les limites du thrash metal avec un riffing inédit sur « Kill Again » qui servira de base au death metal au même titre que Possessed et Kreator. Certains morceaux de Hell Awaits sont parmi les plus longs de la disco, à l’instar des monumentaux « Hell Awaits » à l’intro fortement dérangeante, la mid-tempo « At Dawn They Sleep » et la complexe « Crypts Of Eternity », autrement on y retrouve aussi des titres à la structure plus « classique » (« Necrophiliac », « Hardening Of The Arteries » et « Praise of Death ») ce qui permet de ne jamais perdre le fil et de savourer tout le savoir-faire des Californiens.

Complexité et satanisme, c’est ainsi qu’on pourrait définir grossièrement ce deuxième album. Mais Hell Awaits est bien plus que ça. Son implication dans l’essor du metal extreme est indiscutable, notamment dans l’apparition des riffs sombres et pesants du death metal. Une ambiance unique que le groupe décide d’abandonner au profit de la vitesse à partir de son prochain album, l’emblématique Reign In Blood.

Laurent.

Line-up: Tom Araya (chant/basse), Jeff Hanneman (guitare), Kerry King (guitare) et Dave Lombardo (batterie).

Slayer – Haunting The Chapel (ep)

Slayer-HauntingTheChapel

genre: thrash metal               ©1984

Certains groupes mettent des années à trouver leur voie, d’autres sont empreints d’une aura et imposent leur style dès les premières heures. Les quatre californiens de Slayer, qui ont repoussé les barrières de la violence avec le terrible Show No Mercy (1983), ne tardent pas au même titre que Metallica et Anthrax à inaugurer un style qui fait encore fureur aujourd’hui: le thrash metal, dont le terme a été employé pour la première fois par Malcolm Dome, un journaliste du magazine anglais Kerrang!, afin de désigner le premier album d’Anthrax Fistful of Metal, sorti en janvier 1984.

Contrairement à la bande de James Hetfield qui invente le thrash à connotation progressive avec le légendaire Ride The Lightning (1984), Slayer ne fait guère beaucoup dans la mélodie, ne se préoccupant que de la vitesse d’exécution et ne laissant jamais l’auditeur reprendre son souffle. Ce n’est en revanche pas sur un album mais sur un ep quatre titres que ce dernier va révéler son savoir-faire et établir son style particulier, reconnaissable entre mille. Une nouvelle fois produit par Brian Sagel de Metal Blade, l’ambiance est plus sombre que sur le premier album et la vitesse accrue. Petite anecdote: au début des enregistrements, Dave Lombardo répondait mal aux exigences du guitariste Kerry King qui lui demandait de jouer plus vite, si bien que le batteur a fait appel à son ami Gene Hoglan de Dark Angel pour l’aider à tenir son kit de batterie instable mais aussi pour un coaching sur l’utilisation intensive de la double-pédale. L’affaire est réglée en quelques jours, les morceaux « Haunting The Chapel », « Chemical Warfare » et « Captor of Sin », déjà joués en live, sont enregistrés avec l’ingénieur du son chrétien Bill Metoyer qui pensait alors finir en Enfer pour son implication dans la mise en boîte de cet ep! C’est ainsi que le son « Slayer » est né.

Au même titre que Morbid Tales de Celtic Frost sorti fin 1984, Haunting The Chapel devient rapidement un album influent pour le death metal à venir. L’ère du metal extreme commence et ne cessera jamais d’imposer sa suprématie dans la communauté metal. Le meilleur reste à venir, à commencer par le deuxième rejeton de Slayer, le terrible Hell Awaits. Stay trve \m/

Laurent.

Line-up: Tom Araya (chant/basse), Jeff Hanneman (guitare), Kerry King (guitare), Dave Lombardo (batterie)