Bien avant d’officier dans un rock basique plus que plombant, Lenny Kravitz était aussi populaire pour ses belles dreadlocks que pour sens inné à pondre des tubes entre funk, rock et soul, premièrement en tant que compositeur pour Madonna puis pour son propre chef avec le tonitruant et indétrônable Mama Said, son deuxième disque, qu’il a entièrement composé et produit. L’écriture de cet opus s’est déroulée dans une période noire (sans jeu de mots insalubre) pour l’artiste, récemment séparé de sa bien-aimée l’actrice Lisa Bonnet d’où les fortes émotions qui s’en dégagent.
Multi-instrumentiste et compositeur hors-pair, Lenny s’est tout de même bien entouré pour l’écriture de quelques titres phares de Mama Said à savoir Sean Lennon (le fils de…) pour « All I Ever Wanted » et l’ancien guitariste des Guns’N’Roses, Slash, pour le morceau d’ouverture « Fields of Joy », qui commence folk et finit par des gros riffs bien hard et le morceau qui suit, la plus rythmée « Always On the Run » qui n’est pas sans rappeler Marvin Gaye, une des plus grosses influences de Kravitz. C’est pourtant seul qu’il concocte son plus grand succès de tous les temps, la mythique « It Ain’t Over Till It’s Over », diffusée encore en boucle aujourd’hui sur bien des fréquences radio, et pourtant on ne peut s’en lasser! Toujours parmi les incontournables, les slows « Stand By My Woman » et « The Difference Is Why », très touchants de par les mélodies et surtout les thèmes qu’ils abordent, et le final « What The Fuck Are We Saying », le plus long morceau de l’album mais classe du début à la fin avant la petite minute blues de « Butterfly » qui clôt définitivement le chef- d’oeuvre.
Aucun morceau n’est à jeter, pas même les « More Than Anything In This World », « Stop Draggin’ Around » et « Flowers For Zoe », plus conventionnels il est vrai mais pour ma part indispensables à ce disque qui fait la part belle à la diversité. Succédant au grand Let Love Rule (1989), Mama Said constitue avec son prédécesseur la période la plus représentative du talent de l’artiste à mon goût. Lenny parvient tout comme Jamiroquai, à redonner un souffle aussi bien à la funk qu’à la soul, baignées dans un contexte beaucoup plus pop les dix années précédentes. Un des multiples grands albums sortis en 1991 auquel il serait diffamatoire de laisser la moindre trace de poussière s’asseoir dessus.
Laurent.