Genre: thrash industriel ®1994
Il y a des trucs de dingues qui nous arrivent dans la figure un jour ou l’autre. Que ce soit des lèvres pulpeuses, une gifle de maman ou n’importe quel disque de Max Cavalera avant 1996, certains événements vous apporte ce qu’il manquait à votre triste vie : une secousse morale qui sera décisive des choix qui la succéderont. Sans tourner davantage autour du pot, le projet monté par Cavalera et son ami Alex Newport de Fudge Tunnel, Nailbomb, est en partie responsable de mon addiction aux grosses guitares. En dépit de sa discrète sortie en France, Point Blank a tapé là où les albums de Sepultura n’avaient fait qu’effleurer mes petites oreilles d’écolier.
Qui aurait pu prédire qu’un jour Max Cavalera enregistre un album de métal industriel, pardon, de thrash industriel avec un son à décoller du scotch à moquette! Crachant à la figure des politiques responsables des guerillas urbaines, PB est un message avant d’être un album indus de plus. Personne n’a le droit de vivre moins bien qu’un autre et ça, Max l’a bien compris. La rage émanant de ce disque est d’une telle sincérité qu’elle en devient stimulante, on aurait presque envie de saisir le fusil sur la pochette pour le retourner sur la personne visant cette pauvre femme.
C’est clair qu’après s’être éclaté les cervicales avec l’assassin «Wasting Away», il n’est plus possible de faire machine arrière. A mi-chemin entre Ministry , le son de gratte de Chaos A.D et des structures à la Prong, Point Blank ne laisse pas de marbre et fracasse à coups de bûches les têtes les plus coriaces. Il est le genre d’albums qui, sur chaque piste, semblent ressasser la même sauce tout en proposant le petit détail qui va faire la différence: ça sonne purement thrash («Wasting Away», «Cockroaches» et son petit côté Chaos A.D, «24 Hour Bullshit»), ça sonne punk aussi (la reprise du «Exploitation» de DOOM, «Blind And Lost»), et ça sonne archi-méga bien indus (tous les autres titres).
De A à Z, Point Blank est un album de métal pur: pas d’arrangements, c’est crade, c’est violent et c’est chouette. Pas de tubes non plus car Nailbomb était tout sauf un projet à caractère «commercial» selon ses créateurs, et aujourd’hui avec la merveille Internet, tout le monde a accès à ce très bref épisode de la carrière de Max Cavalera (ce qui casse un peu le mythe du «-Tu me prêtes Point Blank de Nailbomb? -NON!»), alors foncez vous en mettre plein les oreilles, adeptes du «Sepultura, c’était mieux avec Max» ou pas.
Laurent.