«T’auras-t’auras pas Tora Tora»… Une blague en guise de présentation du deuxième et dernier album (en fait, un troisième opus a été enregistré en 1994 mais l’écurie Polygram a convenu au dernier moment que l’album était trop hors du coup) d’un groupe de sleaze issu de la même ville que le King, Memphis, et dont le patronyme signifie «tigre» en japonais. On se souvient très bien de Surprise Attack! en 1989 et surtout de son tube «Love’s a Bitch» qui nous faisait découvrir un chanteur talentueux, le bon vivant Anthony Corder au second degré qui ne passe pas inaperçu.
Les vacances à la mer, les voyages en voitures, les Tora Tora auront vachement tourné dans le poste et plus particulièrement l’album Wild America, second oeuvre où les tigres ont opté pour un registre plus mature et moins provocateur, mais loin d’être déroutant. Les guitares sont encore plus présentes et le fun est toujours de mise, Corder est d’un charisme à tomber des nues et la pochette est vraiment réussie, c’est tel qu’à l’époque, même le Black Album de vous-savez-qui faisait pâle figure. Peu connue en Europe, cette formation avait pourtant tous les ingrédients nécessaires pour une carrière explosive, mais l’arrivée du grunge et autres genres de rock plus nerveux sont surement responsables de l’échec commercial de Wild America avant que le quatuor ne baisse les bras.
Et c’est bien triste, toute cette histoire, car cet opus est bourré de testostérone, de pépites énergiques qui auraient pu (du?) le hisser au sommet des charts. Pas innovant pour un sou mais d’une redoutable qualité sonore, où le groove porté par un duo basse/batterie d’enfer fait rage. Un tube placé en première place (comme tout groupe de hard qui se respecte), «Wild America», avec un refrain tueur qui fait taper du pied, suivit du riff de guitare puissant de «Amnesia», basique mais tout à fait délicieuse pour les admirateurs de Def Leppard ou Mötley Crüe, Tora Tora a puisé ses influences dans ce qui se fait de mieux en terme de hard: un peu de Tesla avec «Lay Your Money Down», une pincée d’Electric Boys sur «Shattered» et on se la joue Led Zep’ sur les ballades pour finir sur une «City of Kings» frénétique.
De retour en 2008, Tora Tora a repris les tournées et s’est même replongé dans les investigations de Revolution Day, l’album zappé de 1994 remasterisé et mis sur le marché l’année dernière.
Quoiqu’il en soit, Wild America a marqué une époque pour tout ceux qui eurent la chance de se dandiner dessus, un cocktail sentant fort bon les States et l’esprit road-trip qu’on aura façonné dans notre esprit sur les minables routes françaises (n’est-ce pas vrai?…) et qui du coup nous aura autant laissé de traces que les vacances elles-même. Un souvenir incroyable, un must du hard 90’s, à découvrir absolument pour les retardataires.
Laurent.