Motörhead – Ace Of Spades

Genre: heavy rock’n’roll              ®1980

Des albums qui ont traversé des décennies, il y en a un paquet, mais combien ont autant influé sur le heavy metal que Ace Of Spades?  Tous ces groupes de heavy speed ainsi que le thrash metal lui doivent autant qu’aux premiers Black Sabbath et Judas Priest donc qu’on aime Motörhead ou pas, on ne peut remettre en cause son statut de classique. D’ailleurs quel amateur de musique à sensation n’aimerait pas la bande à Lemmy? Ce gros rock’n’roll réunit metalheads et rockeurs tout court, ça joue fort et ça vient des tripes avec seulement une guitare, une batterie, une basse et un chant qui pue autant l’alcool que la clope. Trente-cinq ans que ça dure ans en espérant avoir un prolongement d’au moins dix bonnes années, car si la musique des Britanniques n’a que très rarement muée, on a plaisir à voir un groupe qui respecte une certaine ligne de conduite tout en sachant pondre des hymnes identifiables. Voilà pour le blabla.

A l’époque de la sortie de Ace Of Spades, les postes de batteur et de guitariste étaient occupés par Phil Taylor et « Fast » Eddie Clarke respectivement. Enregistré aux studios Jackson en un mois, cet album est né d’une bonne ambiance entre les membres où les fous rires ne cessent de modifier les structures de chaque chanson. La situation semble tellement ridicule que le groupe décide d’enregistrer certains morceaux en une prise, mais un fou rire a raison pour la énième fois de « Fast » Eddie Clarke pendant le solo de « (We Are)The Roadcrew » qui va laisser place à un larsen devenu culte. Outre cet incident assez drôle quand on en connait l’origine, la qualité des morceaux de Ace Of Spades est irréprochable. Parmi eux se tient à la première place leur titre le plus adulée par les fans, « Ace Of Spades », véritable arme de guerre prête à faire exploser les tympans des plus téméraires. La production de Vic Maile est volontairement modeste afin que l’album soit le plus rock’n’roll possible malgré les nouvelles technologies désormais accessibles dans les studios.

Considéré comme un pionnier de la NWOBHM, Motôrhead est surtout un trio de rock’n’roll qui dit merde à la mode tout comme AC/DC -avec toutefois plus d’albums de qualité à son actif- dont les morceaux se réfèrent souvent aux mêmes gammes. Et malgré cet aspect qui appelle à la non-créativité, on aime, on adore, on adule Motörhead tout simplement parce qu’on a rarement entendu une musique aussi virile ailleurs. Ace Of Spades en est un excellent exemple aux côtés de Bomber (1979), Inferno (2004) et le très controversé mais chef-d’oeuvre à mes yeux Another Perfect Day (1983). A écouter les enceintes prêtes à exploser.

Laurent.

Deep Purple – In Rock

Genre: hard rock                         ®1970

Entre les classiques, les cultes et ceux qu’on affectionne particulièrement, le choix d’écoute de disques dépasse l’imagination. Mais le plus rare, c’est d’avoir affaire aux trois possibilités en même temps: classique du rock, album culte des 70’s et dans le top 10 des oeuvres qui ont changé ma vie. C’est à cette échelle que se situe In Rock dont la simple énumération ou la vue de cette pochette, parodie du mont Rushmore, procurent des frissons car en plus d’avoir posé les bases du hard rock et du heavy metal aux côtés de Blue Cheer, Led Zeppelin et Black Sabbath, cet album contient parmi les meilleures pépites du groupe.

Juste après la séparation des Beatles, l’insupportable Ritchie Blackmore (guitare) & ses compères s’accaparent le célèbre studio Abbey Road pour concevoir le successeur du déjà très hard The Book Of Taliesyn (1968). Huit  morceaux à connotation progressive démontrant des musiciens au sommet de leur art, allant droit au but tout en se permettant d’étendre deux ou trois morceaux de quelques minutes pour n’imposer aucune limite à leur talent. Le clavier de Jon Lord démarque Deep Purple de n’importe quelle autre formation hard à l’époque mais il n’est pas seul dans le rôle du remue-méninge: le jeu de batterie de Ian Paice est terriblement fluide en dépit des nombreux contre-temps et des roulements incessants. Par contre, les riffs de Blackmore ne sont peut-être pas aussi cultes que sur Machine Head (1972) en revanche celui de « Bloodsucker » se veut presque effrayant au rythme aussi lourd que « Into The Fire »; le blues est là mais le heavy aussi. Il n »y a pas de musicos plus en retrait qu’un autre en revanche on ne peut que constater l’apport essentiel de Jon Lord et de Gillan pour ce qui est des mélodies. L’intro de « Speed King » est d’une beauté fatale et avertit de suite de la tournure des évènements. L’ère du « yéyé » est révolue et il faut passer aux choses sérieuses, c’est pourquoi les Purple n’ont eu d’autres choix que de composer un titre montant en progression, démarrant sur des pointes d’orgue pour aboutir à une accélération et un solo de trois minutes byRitchie Blackmore, le sulfureux « Child In Time », un des seuls morceaux arrivant à me faire presque pleurer à tous les coups avec une certaine « Starway To Heaven » de un an sa cadette, coïncidence? Pas du tout, l’aura du grandiose planait à cette époque même en ce qui concerne les morceaux plus speed comme « Hard Lovin Man » ou « Flight Of The Rat » qui nous offre un petit solo de batterie. époustouflant.

Quasiment insurpassable -à cause des cinq premiers Led Zep’ et des deux premiers Black Sabbath- et classique incontesté du rock sous toutes ses formes, In Rock incarne une des plus belles offres de Deep Purple avec Machine Head et la période Coverdale. Des années qu’on se l’écoute et rien y fait, impossible de le mettre de côté tant à chaque fois il donne cette impression d’être écouté pour la première fois. Bordel de Dieu, le monde n’est pas prêt de revoir des albums de cette trempe ni même des concerts de ceux-ci. D’ailleurs en parlant de ça, je lève mon verre au défunt Jon Lord à qui cette chronique est en partie dédiée. Jon, vous êtes un exemple pour bien des musiciens et votre apport musical ne sera jamais remis en cause. Et pour vous mes amis: que la force du rock soit avec vous.

Laurent.

AC/DC – Let There Be Rock

Genre: hard rock                   ®1977

Instinctivement, que l’on soit rockeur ou un minimum cultivé, un simple contact avec le nom AC/DC renvoie dans 90% des cas au morceau le plus mythique du groupe, « Highway To Hell ». Il est vrai que l’album du même nom ne contient aucun défaut et qu’il est certainement le plus emblématique de la période Bon Scott, la plus appréciée de la communauté rock en règle générale. T.N.T (1975) aussi fait partie des albums favoris des hardos ce qui entraîne parfois des oublis intolérables envers les évènements passés entre 1975 et 1979. Sachez messieurs-dames qu’en 1977, juste avant le remplacement de Mark Evans par Cliff Williams au poste de bassiste, est sorti l’un des meilleurs albums de hard rock de tous les temps -vision subjective- à savoir le plus électrique d’AC/DC, le bien nommé Let There Be Rock. Bon sang mais une vraie tuerie ce disque! Cruellement simple mais habité d’une fougue rarement exprimée à ce point là par les Australiens.

Enregistré à Sidney au studio Albert, Let There Be Rock va droit au but et ne cède jamais la place à l’ennui. Quarante minutes de riffs incessants, plus orientés hard que blues portés par la section rythmique impeccable du couple Rudd/Evans. Puisqu’on connaît très bien AC/DC, la similitude entre les morceaux passe au second plan donc il suffit de mettre le son au maximum pour se faire attaquer par les solos d’Angus Young et par la voix criarde de Bon Scott. Excitation assurée avec la tonitruante « Let There Be Rock », inhabituellement rapide, « Dog Eat Dog » avec son refrain bon à chanter en choeur ou « Whole Lotta Rosie » et son solo furtif. En fait ce n’est pas compliqué, chaque titre est une perle et apporte sa dose d’adrénaline.

Nouveau logo, nouveau style, AC/DC est plus fort que jamais en cette année 1977 où le punk commence à faire sérieusement parler de lui avec l’arrivée des Ramones, Clash, The Saints etc… sans écraser pour autant le hard rock et encore moins le heavy metal encore jeunes avec lesquels il fusionne à la fin des 70’s pour donner naissance à la NWOBHM. Bref en cette période, les Australiens semblent invincibles et confirmeront cette ténacité avec l’oublié Powerslave (1978) puis en réalisant une oeuvre charnière: Highway To Hell. « Let There Be Rock », on vient de vous dire, allez qu’est-ce que vous attendez?! Tous à vos sonos!

Laurent.