Genre:post-punk/industriel ®2012
Il ne faut quand même pas pousser mémé dans les orties: débourser quelques euros pour le dernier Killing Joke, ce n’est pas la fin du monde… comment? MMXII définirait de A à Z le Jugement Dernier selon Jaz Coleman? Pas tout à fait, ce serait plus tôt le sentiment qu’un évènement encore indéfinissable va bouleverser la vie telle qu’on la voit aujourd’hui. Mince alors, ça valait le coup de se faire flipper pour des pacotilles! Car on connait aujourd’hui le goût du frontman pour les thèmes occultes et foncièrement dénonciateurs. L’humanité n’est qu’un ridicule grain de poussière dans la spirale infernale du temps et MMXII est là pour nous le faire réaliser.
Ayant autant d’albums cultes (Killing Joke (de 1980), Night Time, Pandemonium) que d’albums ridicules (Ha, Wilful Days) a leur actif, les Londoniens se sont bien ressaisis depuis le très bon éponyme de 2003 en reprenant la route du post-punk mélangés à de gros riffs métalliques et de la pochette évocatrice (un crâne, une machine et une usine envoyant des fumées noires dans une contrée désertique, on comprend tout de suite le message!). Cependant depuis Pandemonium, MMXII est le premier album appréhendable en une écoute et il faut avouer qu’une telle simplicité manquait dans la musique de Killing Joke. Sans passer par un registre pop académique, ce quatorzième album studio se veut plus doux avec une production bien plus claire qu’à l’accoutumée et ce malgré le thème principal, à l’instar du premier single « In Cythera », pur post-punk dansant comme à la bonne vieille époque. Face à la presque techno « Rapture » et de « Trance », la concurrence goth allemande actuelle fait pâle figure, mais outre des morceaux pour boites de nuit, excellents soient-ils, Killing Joke a toujours le chic pour prendre aux tripes avec des rouleaux compresseurs comme « Glitch » ou la pesante « Fema Camp », fruits de la symbiose entre des rythmes martiaux et la voix singulière de Coleman. Et surtout, ne passons pas à côté de « Primobile », sorte de ballade dérangeante qui n’a pourtant rien d’une ballade mais dont l’ambiance qui s’en dégage est l’une des plus marquantes de l’album.
Maintenant, c’est l’heure de s’accrocher à son fauteuil: après toutes ces écoutes de ce monstre qu’est MMXII, il est évident que les Mayas passent pour des clowns avec leur ridicule calendrier qui s’achève le 12/12/2012. A moins qu’un supernova déboule du néant en l’espace de quelques mois (alors qu’il a fallu 5 milliards d’années à la Terre pour produire de l’oxygène), ce n’est pas demain la veille qu’on verra notre belle planète partir en cendres. En revanche, beaucoup de choses laissent prétendre que l’Homme a son avenir entre les mains, et on remercie encore une fois les Maîtres de l’industriel pour nous avoir exposé leur vision de l’avenir avec tant de talent. Bigre, frissons garantis.
Laurent.