Depuis l’excellent Sabotage, les choses ne se déroulent pas vraiment comme prévu pour Black Sabbath: les confits internes sont incessants tout comme l’addiction du Madman à l’héroine qui engendre des problèmes de concentration et donc d’inspiration depuis l’écriture de Sabbath Bloody Sabbath (1973), ce qui n’a pas empêché le groupe de sortir la tuerie Sabotage seulement exit les enregistrements éclairs d’antan. La partie ne semblait pas perdue et pourtant il a fallu que deux albums vraiment moyens voient le jour, Technical Ecstasy (1976) et Never Say Die! (1978) qui ont peut-être leur public mais qui n’auront jamais ma défense. Il est temps pour Ozzy de se faire la malle après une période chaotique et aux trois autres se reprendre du poil de la bête. Pour se faire, le trio contacte l’ancien chanteur du nouveau groupe de Ritchie Blackmore, Rainbow, qui répond au nom de Ronnie James Dio.
Produit par le disciplinaire Martin Birch, Heaven & Hell signe un nouveau départ, une renaissance même pour Black Sabbath. Le groupe abandonne les sentiers de l’expérimentation pour revenir aux fondamentaux du heavy avec ce chanteur qui y est pour beaucoup dans la claque que procure cet album. Un vrai chanteur au coffre impressionnant malgré sa petite taille et au timbre unique tout comme Ozzy sans l’aspect nasillard. Du côté de l’artwork, on en avait pas vu un aussi beau depuis… le premier album. Des anges en train de pomper des clopes, la barrière entre le paradis et l’enfer n’a plus de sens donc plus besoin de choisir entre « Starway To Heaven » et « Highway To Hell ». Rien à voir mais tant pis, on continue.
Sans parler de révolution, Heaven & Hell enchaîne les titres phares. « »Heaven & Hell » par exemple deviendra aussi mythiques que « Iron Man » ou « Paranoid », si ce n’est plus au regard du nombre de personnes acclamant davantage la période Dio que la période Ozzy. Des titres comme « Neon Knights » et « Die Young » signent les débuts de la NWOBHM -imaginez Dickinson chanter à la place de Dio, c’est assez rigolo- alors que le reste de l’album sonne plutôt hard surtout « Lady Evil » et « Walk Away ». L’énergie est tout de même omniprésente grâce à ce frontman qui fut l’un des plus grands -au sens figuré- chanteurs de heavy metal de tous les temps et au retour des riffs de Iommi.
En voilà, un retour percutant. En remontant la pente, Black Sabbath signe son album le plus adulé au même rang que Paranoid. Pendant la tournée qui suit la sortie, Dio en profite pour populariser la Mano Cornuta que le metalhead de base -moi y compris- effectue à chaque concert de sa musique favorite. Une page vient d’être tournée, il est temps de s’adonner à un deuxième album avec Ronnie avant que ce dernier ne se fasse éjecter en compagnie du nouveau batteur, Vinnie Appice. Les années 80 sont un véritable désastre niveau commercial -niveau artistique, à chacun de se faire son opinion- pour Black Sabbath jusqu’à ce que Dio réintègre son poste pour Dehumanizer (1992), sachant que j’apprécie Tony Martin sans pour autant avoir écouté en boucle cette partie de la discographie. Enfin bon, heureusement que certains albums sont intemporels, n’est-ce pas?
Laurent.