Slayer – Show No Mercy

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genre: speed metal            ©1983

Au début des années 80, la notion de « thrash metal » n’en est qu’à ses balbutements. La New Wave of British Heavy Metal apporte un nouveau souffle en accélérant considérablement le rythme, représentée alors par des albums légendaires comme Ace Of Spades (Motörhead, 1980), British Steel (Judas Priest, 1980), Lightning to The Nations (Diamond Head, 1980), Spellbound (Tygers Of Pan Tang, 1981) et bien sûr The Number of the Beast d’Iron Maiden. Seulement comme toute vague musicale, le style lasse au bout de quelques années un public en mal de testostérone, impressionné par le culot de Venom autant dans cette maîtrise de la violence que dans l’imagerie que le groupe véhicule. La réponse à cette soif d’énergie ne sera pour une fois pas britannique mais américaine, plus précisément californienne avec Kill ‘Em All (Metallica, 1983) et Show No Mercy de Slayer.

Quatre bonhommes sont à l’origine de ce cataclysme: Tom Araya (chant/basse), Kerry King (guitare), Jeff Hanneman (guitare) et le marteleur Dave Lombardo (batterie). Réalisé en trois semaines pour une poignée de dollars, ce premier album produit par Brian Slagel, le fondateur de Metal Blade Records, reprend les traces de Venom en exploitant encore plus loin l’imagerie satanique (magnifique pochette, n’est-ce pas) et ce speed metal aussi malsain que puissant. Sans avoir connu l’effet de surprise qu’ont pu ressentir les metalheads de l’époque à l’écoute ce bijou, il ne m’est cependant pas difficile de reconnaître son statut d’album clef: le son est mastoc et les guitares sont au premier plan, soutenues par le jeu de batterie technique et puissant de Lombardo, sur lesquels viennent se superposer les cris de Tom Araya. Une avalanche de riffs entraînant l’auditeur dans un tourbillon infernal ne s’essoufflant jamais en l’espace de trente-cinq minutes, bien plus varié qu’on ne pourrait l’imaginer.

Encore très heavy et punk dans l’esprit, Show No Mercy installe tout de même les bases du thrash metal en repoussant les limites de la violence. Plus que ça, il contribue à l’essor du black metal de par son imagerie provocatrice et ses sonorités aiguës. Le metal extreme commence donc à être pris très au sérieux, imposant son poids sur une NWOBHM déjà en déclin (sauf pour Iron Maiden) et se verra moduler de la plus belle des manières au fil des années. Au même titre que Metallica, les quatre boys de Huntington Park méritent le respect pour ce qu’ils nous ont apporté, peu importe ce qui a pu se passer dans leurs têtes ces dernières années. Show No Mercy n’est que le début d’une série d’albums tous aussi légendaires les uns que les autres.

Laurent.

Line-up: Tom Araya (chant/basse), Jeff Hanneman (guitare, principal compositeur), Kerry King (guitare, composition), Dave Lombardo (batterie)

Fozzy – All That Remains

Genre: heavy moderne              ©2005

Quoi de mieux que d’avoir un catcheur derrière le micro pour faire des morceaux… catchy? D’accord, cette boutade fût nulle à chier, soit tout le contraire de ce groupe constitué à l’origine des musicos de Stuck Mojo et de la star du catch Chris Jericho dont j’ignorais totalement le talent de chanteur avant la sortie de All That Remains, considéré peut-être à tort par moi-même comme étant leur premier véritable album, les deux précédents étant en majorité composés de reprises, excellentes soient-elles.

Au fait, pourquoi ce patronyme, Fozzy? Parce que Jericho a quasiment la même voix que le Prince Des Ténèbres ? En réalité, on s’en moque complètement, car la fusion entre cette voix nasillarde et la puissance de feu made in Stuck Mojo est tout bonnement monstrueuse. Rich Ward reste à ce jour un de mes guitaristes préférés, et ce n’est  pas pour rien : si vous cherchez du riff qui tâche et qui fout des frissons, renseignez-vous sur la carrière du monsieur. Après avoir crée leur propre label, Ash, le combo autoproduit l’album sous celui-ci en se fixant une règle : pas de remplissage, que de la qualité! Ceci peut paraître légèrement grossier mais quand on voit le résultat, on ne peut que se réjouir d’une telle assiduité. Dix titres pour quarante minutes, c’est largement suffisant pour nous laisser le temps de recevoir dix bonnes baffes.

En plus d’être de sacrés musiciens, les Fozzy se sont permis de faire appel à de grosses pointures pour varier un peu les tendances: Myles Kennedy (Alter Bridge) qui pousse des cris sur «Nameless Faceless», Zakk Wylde sur «Wanderlust», Mark Tremonti (Alter Bridge) pour un solo sur «The Way I Am», Marty Friedman (ex-Megadeth) pour un solo sur «Born Of Anger», et le rappeur Bone Crusher qui impose sa voix de baryton sur «It’s A Lie». Rien que ça.

2005 fût l’année de la consécration pour Fozzy. Plus de 100 000 exemplaires écoulés de ce qui représente à mes yeux le summum de leur créativité avec le non moins énorme Chasing The Grail (2010). Un disque à ne surtout pas oublier et à écouter sans modération. En somme, une tuerie.

Laurent.

Black Sabbath – Heaven & Hell

Genre: heavy metal                  ®1980

Depuis l’excellent Sabotage, les choses ne se déroulent pas vraiment comme prévu pour Black Sabbath: les confits internes sont incessants tout comme l’addiction du Madman à l’héroine qui engendre des problèmes de concentration et donc d’inspiration depuis l’écriture de Sabbath Bloody Sabbath (1973), ce qui n’a pas empêché le groupe de sortir la tuerie Sabotage seulement exit les enregistrements éclairs d’antan. La partie ne semblait pas perdue et pourtant il a fallu que deux albums vraiment moyens voient le jour, Technical Ecstasy (1976) et Never Say Die! (1978) qui ont peut-être leur public mais qui n’auront jamais ma défense. Il est temps pour Ozzy de se faire la malle après une période chaotique et aux trois autres se reprendre du poil de la bête. Pour se faire, le trio contacte l’ancien chanteur du nouveau groupe de Ritchie Blackmore, Rainbow, qui répond au nom de Ronnie James Dio.

Produit par le disciplinaire Martin Birch, Heaven & Hell signe un nouveau départ, une renaissance même pour Black Sabbath. Le groupe abandonne les sentiers de l’expérimentation pour revenir aux fondamentaux du heavy avec ce chanteur qui y est pour beaucoup dans la claque que procure cet album. Un vrai chanteur au coffre impressionnant malgré sa petite taille et au timbre unique tout comme Ozzy sans l’aspect nasillard. Du côté de l’artwork, on en avait pas vu un aussi beau depuis… le premier album. Des anges en train de pomper des clopes, la barrière entre le paradis et l’enfer n’a plus de sens donc plus besoin de choisir entre « Starway To Heaven » et « Highway To Hell ». Rien à voir mais tant pis, on continue.

Sans parler de révolution, Heaven & Hell enchaîne les titres phares. «  »Heaven & Hell » par exemple deviendra aussi mythiques que « Iron Man » ou « Paranoid », si ce n’est plus au regard du nombre de personnes acclamant davantage la période Dio que la période Ozzy. Des titres comme « Neon Knights » et « Die Young » signent les débuts de la NWOBHM -imaginez Dickinson chanter à la place de Dio, c’est assez rigolo- alors que le reste de l’album sonne plutôt hard surtout « Lady Evil » et « Walk Away ». L’énergie est tout de même omniprésente grâce à ce frontman qui fut l’un des plus grands -au sens figuré- chanteurs de heavy metal de tous les temps et au retour des riffs de Iommi.

En voilà, un retour percutant. En remontant la pente, Black Sabbath signe son album le plus adulé au même rang que Paranoid. Pendant la tournée qui suit la sortie, Dio en profite pour populariser la Mano Cornuta que le metalhead de base -moi y compris- effectue à chaque concert de sa musique favorite. Une page vient d’être tournée, il est temps de s’adonner à un deuxième album avec Ronnie avant que ce dernier ne se fasse éjecter en compagnie du nouveau batteur, Vinnie Appice. Les années 80 sont un véritable désastre niveau commercial -niveau artistique, à chacun de se faire son opinion- pour Black Sabbath jusqu’à ce que Dio réintègre son poste pour Dehumanizer (1992), sachant que j’apprécie Tony Martin sans pour autant avoir écouté en boucle cette partie de la discographie. Enfin bon, heureusement que certains albums sont intemporels, n’est-ce pas?

Laurent.